Roman : Dis bonne nuit • Christian Blanchard

Chronique Roman : Dis bonne nuit • Christian Blanchard

DIS BONNE NUIT : UN POLAR ENTRE OMBRES ET VÉRITÉS


Leïla Le Menn est de celles qu’on n’arrête pas. Détective privée, lucide, indépendante, elle suit les faits et va au bout de ses enquêtes sans jamais se laisser détourner par l’émotion… du moins, en apparence. Dans Dis bonne nuit, Christian Blanchard nous entraîne dans une investigation où les frontières entre le personnel et le professionnel deviennent floues. Une histoire où chaque personnage cherche une vérité, une justice ou une rédemption. Entre disparitions inquiétantes, douleurs enfouies et colères silencieuses, ce polar explore les failles humaines, sans artifices, sans effets de manche, mais avec une tension qui monte doucement.

Chronique Roman : Dis bonne nuit • Christian Blanchard


Leïla Le Menn est détective privée. Indépendante, rigoureuse, elle accepte une mission qui semble d’abord assez simple : retrouver un homme disparu. René Le Gall la contacte dans l’urgence. Il est inquiet pour son amant, Hubert, qu’il a quitté brutalement après une relation passionnée. Hubert ne donne plus aucun signe de vie. Ce silence, ces mots menaçants prononcés avant la rupture… tout cela inquiète profondément René. Il est prêt à payer sans discuter, du moment que Leïla le retrouve.

Hubert, homosexuel, a toujours vécu en conflit avec lui-même, tiraillé entre ses désirs et les attentes d’un père qui n’a jamais accepté sa différence. Pour comprendre qui est vraiment cet homme disparu, Leïla doit remonter le fil de son histoire, explorer les traces d’une vie marquée par la douleur, le rejet et les non-dits. Elle interroge, fouille, et plus elle avance, plus elle sent que quelque chose cloche. Une intuition tenace la poursuit : René est peut-être en danger lui aussi…

Parallèlement, un autre homme prend le devant de la scène : Fred Kerjean. Père en souffrance, il grimpe en haut d’une grue pour demander la garde de son fils. Il est prêt à aller jusqu’au bout pour se faire entendre. Son acte désespéré secoue les médias, la police, et réveille en Leïla des souvenirs enfouis… Car tout cela, quelque part, fait écho à son propre passé, à cette enfance qu’elle ne parvient pas à retrouver dans sa mémoire. Et si cette enquête réveillait aussi ses propres fantômes ?


Avis Roman : Dis bonne nuit • Christian Blanchard


Chronique Roman : Dis bonne nuit • Christian Blanchard

Dis bonne nuit de Christian Blanchard a reçu le prix Cognac du meilleur roman francophone, une distinction qui place la barre haut et crée forcément certaines attentes. Si le roman se lit bien et propose une intrigue à la fois humaine et sombre, il manque ce petit quelque chose qui fait toute la différence. Ce fameux « whaou » qu’on attend instinctivement face à un titre primé.

Le point fort du roman reste sans conteste son héroïne, Leïla Le Menn, une détective privée forte, droite et déterminée, qui mène son enquête avec rigueur. L'auteur explore des thématiques importantes : l’identité, l’homosexualité tardivement assumée, les traumatismes d’enfance, la parentalité brisée. L’ensemble est bien construit, et certains passages sont touchants ou interpellent.

Mais malgré tous ces ingrédients, le soufflé retombe vite. Le style reste efficace mais sans éclat. La tension ne monte jamais réellement, les retournements peinent à surprendre, et l’on reste en surface de certaines émotions, là où on aurait espéré plonger plus profondément. L’écriture, bien qu’élégante, semble parfois un peu trop sage

En bref, une lecture correcte, portée par une idée de départ prometteuse, mais qui n’a pas su totalement m’emporter. Un roman intéressant, mais sans grande surprise, qui laisse une impression de « presque ». Ce n’est pas un mauvais livre, loin de là. Mais face à un prix littéraire, on en espérait tout simplement un peu plus.



Extraits Roman : Dis bonne nuit • Christian Blanchard


Leïla n’a quasiment aucun souvenir de son enfance. Tout a disparu de sa mémoire à son adolescence, comme si quelqu’un avait rayé le disque. Mais ce matin, elle sent que les souvenirs ne demandent qu’à sortir. Que son inconscient lui parle. À elle de maintenir la porte entrouverte, de poursuivre la conversation.

Hubert a accéléré et mis les pleins phares. Il s’est positionné sur la droite. Le compteur est monté rapidement à cent dix kilomètres-heure. À cette heure de la nuit, les voitures étaient peu nombreuses, mais il y a toujours de l’activité sur cette route. Appels de phares. Klaxons. Embardées d’automobiles en face. Je hurlais. « Ressaisis-toi, René ! C’est ceux qu’on croise qui sont effrayés, pas nous ! Parce que nous, on maîtrise notre peur. » Je lui ai crié d’arrêter. Le temps m’a paru interminable. Trois, cinq, dix véhicules croisés avant d’atteindre une sortie, prise elle aussi à contresens. Hubert a freiné, s’est garé sur le bas-côté et m’a demandé ce que j’avais ressenti. « On s’en est bien tirés, non ? Comme d’habitude. Fais-moi confiance. Je domine la situation. » Ça allait trop loin.

Son enfance est une zone d’ombre parsemée de quelques rais de lumière. Mais comment interpréter ces messages d’un subconscient qui se dérobe dès qu’elle ouvre les paupières ? Il y a longtemps, une psy lui a expliqué que tout ce que son cerveau avait jugé « perturbant » avait été enfoui. Aujourd’hui, sa conscience cherche un fil d’Ariane dans ce labyrinthe de rêves et de cauchemars. Mais Leïla ne sait pas si elle est vraiment prête à le suivre…




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