Roman : Prime Time • Maxime Chattam

Chronique Roman : Prime Time • Maxime Chattam

PRIME TIME : SUSPENSE ET
MANIPULATION EN DIRECT


Dans Prime Time, Maxime Chattam nous plonge dans l’univers impitoyable des médias télévisés, où une prise d’otage inédite se déroule en direct sur le plateau du journal télévisé le plus regardé de France. L'intrigue s’ouvre sur Paul Daki-Ferrand, présentateur vedette, pris en otage devant des millions de téléspectateurs, créant une tension palpable dès les premières lignes. À travers ce thriller haletant, l’auteur explore les coulisses du journalisme, la manipulation médiatique et les réactions humaines face à la peur. Avec Prime Time, Chattam offre une immersion saisissante dans les zones d’ombre du pouvoir des médias, tout en interrogeant l’humanité des personnages pris dans un tourbillon moral et éthique.


Chronique Roman : Prime Time • Maxime Chattam

Le récit débute avec Paul Daki-Ferrand, qui présente son journal télévisé comme à son habitude. Mais alors qu'il poursuit son émission, une silhouette sombre surgit derrière lui. Cet inconnu, armé, s'adresse à la France entière en direct, menaçant de tirer s'il n'est pas diffusé. Il se révèle être « Kratos », un preneur d'otages charismatique et calculateur, déterminé à captiver l'attention du pays. Il lance un ultimatum : cinquante millions d’euros pour épargner Paul, tout en se proclamant défenseur de « la conscience du peuple » et dénonçant l'indifférence générale.

Alors qu'il maintient son emprise sur la situation, Kratos s'adresse directement à la nation dans un discours prononcé devant les caméras, exposant les raisons de son acte. Il dénonce l’hypocrisie sociale et la déresponsabilisation qui gangrènent la société. Selon lui, cette prise d'otage est un acte nécessaire pour éveiller les consciences et provoquer un changement radical par l’action, un appel à sortir de l’indifférence collective.

Charlène, la chef d’édition du journal, joue un rôle crucial dans cette crise. Dévouée à son métier, elle se retrouve déchirée entre sa responsabilité professionnelle et son devoir envers Paul. Elle engage un dialogue direct avec lui et devient sa conseillère invisible, un peu comme un Jiminy Cricket moderne. Parallèlement, Yanis, un adjudant spécialisé dans les négociations de crise, entre en scène pour tenter de désamorcer la situation. Sa mission consiste à collaborer avec Charlène pour anticiper les mouvements du ravisseur et le contrecarrer.

À mesure que la situation progresse, Kratos demeure totalement maître de la situation. Rien n'est laissé au hasard : il a tout prévu et contrôlé, de l'issue de la prise d'otage à son discours devant la France entière. Son organisation méticuleuse et son calme glacé le rendent redoutable. Pour Yanis et Charlène, la collaboration reste essentielle pour déjouer les plans du ravisseur, sachant qu'une seule erreur pourrait être fatale.

Pendant ce temps, la chaîne MD1, qui diffuse l'événement en direct, tire profit de cette crise, transformant la situation en un spectacle médiatique à fort potentiel d'audience.

Mais alors que la tension monte et que les stratégies se croisent, comment cette prise d'otage va-t-elle se terminer ? Kratos parviendra-t-il à imposer son message radical, ou les négociateurs réussiront-ils à le déjouer avant qu’il ne soit trop tard ?


Chronique Roman : Prime Time • Maxime Chattam

Avis Roman : Prime Time • Maxime Chattam



Prime Time nous plonge dans un huis clos étouffant où la tension monte progressivement, mais où l'introduction prend un peu de temps à s'installer. Il faut plus de 60 pages pour véritablement entrer dans l’histoire, et les nombreuses descriptions détaillant les métiers de la télévision et du GIGN sont trop longues par moments. J'ai eu du mal à me plonger dans l'histoire et je ne pensais pas que l'histoire serait aussi prenante et bien menée. 

Le roman nous dévoile les dessous de deux univers passionnants : celui du journal télévisé, avec ses équipes, ses scripts et ses expressions techniques, et celui du GIGN, où chaque geste est calculé, chaque action minutieusement préparée. Au fil des pages, ce qui semblait anodin se transforme en un jeu de manipulation complexe où chaque personnage devient, à son tour, à la fois coupable et complice potentiel. La négociation, subtile et impitoyable, s’impose comme l’un des moteurs de l’intrigue, offrant un aperçu rare et fascinant d'un travail de terrain souvent méconnu.

Charlène, le personnage central, démontre des facultés avec le métier de négociateur. Elle réussit à entrer dans l’esprit de Kratos par de petites actions apparemment anodines, mais c’est là toute la force de sa négociation : réussir à orienter les réponses, conditionner les pensées de son interlocuteur tout en préservant l’équilibre fragile de la situation. Ce mélange de manipulation, d’empathie et de stratégie fait écho à un discours plus large sur l’hypocrisie sociale et la déresponsabilisation, tout en dénonçant un système qui, à force de promesses et de compromissions, perd son intégrité.

Le twist final, bien que bien pensé, laisse un goût amer. J'aurais préférer une autre fin, mais celle-ci ne m'appartient pas. C’est un dénouement qui, bien que percutant, a quelque chose de frustrant.

J'ai aimé retrouver les personnages de la SR de Paris : Seignon, Guilhem, Magali et Franck. Ici le groupe de la SR est sur une nouvelle enquête loin de Ludivine Vancker qui a rejoint le département des sciences et du comportement (cf : La constance du prédateur de Maxime Chattam)

En définitive, Prime Time est un roman de manipulation médiatique, de moralité et de pouvoir où chaque personnage, qu’il soit héros ou anti-héros, révèle sa véritable nature. L’auteur maîtrise l’art du suspense et offre une réflexion pertinente sur les dérives de la société moderne, tout en tenant le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Si le début peut sembler difficile, l’intrigue finit par s’intensifier et se révèle aussi captivante que réfléchie. Un thriller implacable à ne pas manquer.



Extraits Roman : Prime Time • Maxime Chattam



Je sais qu'il reste trente secondes avant le retour en plateau. C'est le temps qu'il vous reste pour décider si vous rendez l'antenne ou si vous allez me diffuser en direct. Mais sachez que si je ne me vois pas dans trente secondes sur cet écran, je tire". Et il tendit le bras pour bien enfoncer son canon contre le crâne de Paul Daki-Ferrand.

Yanis fut reconnaissant à son collègue et supérieur de ne pas évoquer ce qu'il devait penser en réalité. << Prochains jours. » Les plus déterminés des preneurs d'otages, lorsqu'ils avaient longue- ment mûri et préparé leur coup, pouvaient rester à négocier pendant un temps interminable

Et pour diluer son pouvoir. Il ne peut pas exiger et obtenir. Pardon du terme, mais j’ai aussi besoin d’un maximum de fusibles. Vous serez le premier. Si la situation l’exige, je pourrais être le second. Mais il ne devra jamais parler à celui qui commande, c’est la règle, pour qu’on ne puisse jamais lui répondre oui ou non, mais seulement qu’on va faire de notre mieux. Ce serait lui accorder trop de pouvoir que de négocier directement avec celui qui commande, et s’il se sent trop puissant, il va demander encore plus, ça va nourrir son ego, renforcer sa détermination, tout ce qu’on ne veut surtout pas.




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