PRIME TIME : SUSPENSE ET
MANIPULATION EN DIRECT
Chronique Roman : Prime Time • Maxime Chattam
Avis Roman : Prime Time • Maxime Chattam
Prime Time nous plonge dans un huis clos étouffant où la tension monte progressivement, mais où l'introduction prend un peu de temps à s'installer. Il faut plus de 60 pages pour véritablement entrer dans l’histoire, et les nombreuses descriptions détaillant les métiers de la télévision et du GIGN sont trop longues par moments. J'ai eu du mal à me plonger dans l'histoire et je ne pensais pas que l'histoire serait aussi prenante et bien menée.
Le roman nous dévoile les dessous de deux univers passionnants : celui du journal télévisé, avec ses équipes, ses scripts et ses expressions techniques, et celui du GIGN, où chaque geste est calculé, chaque action minutieusement préparée. Au fil des pages, ce qui semblait anodin se transforme en un jeu de manipulation complexe où chaque personnage devient, à son tour, à la fois coupable et complice potentiel. La négociation, subtile et impitoyable, s’impose comme l’un des moteurs de l’intrigue, offrant un aperçu rare et fascinant d'un travail de terrain souvent méconnu.
Charlène, le personnage central, démontre des facultés avec le métier de négociateur. Elle réussit à entrer dans l’esprit de Kratos par de petites actions apparemment anodines, mais c’est là toute la force de sa négociation : réussir à orienter les réponses, conditionner les pensées de son interlocuteur tout en préservant l’équilibre fragile de la situation. Ce mélange de manipulation, d’empathie et de stratégie fait écho à un discours plus large sur l’hypocrisie sociale et la déresponsabilisation, tout en dénonçant un système qui, à force de promesses et de compromissions, perd son intégrité.
Le twist final, bien que bien pensé, laisse un goût amer. J'aurais préférer une autre fin, mais celle-ci ne m'appartient pas. C’est un dénouement qui, bien que percutant, a quelque chose de frustrant.
J'ai aimé retrouver les personnages de la SR de Paris : Seignon, Guilhem, Magali et Franck. Ici le groupe de la SR est sur une nouvelle enquête loin de Ludivine Vancker qui a rejoint le département des sciences et du comportement (cf : La constance du prédateur de Maxime Chattam)
En définitive, Prime Time est un roman de manipulation médiatique, de moralité et de pouvoir où chaque personnage, qu’il soit héros ou anti-héros, révèle sa véritable nature. L’auteur maîtrise l’art du suspense et offre une réflexion pertinente sur les dérives de la société moderne, tout en tenant le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Si le début peut sembler difficile, l’intrigue finit par s’intensifier et se révèle aussi captivante que réfléchie. Un thriller implacable à ne pas manquer.
Extraits Roman : Prime Time • Maxime Chattam
Je sais qu'il reste trente secondes avant le retour en plateau. C'est le temps qu'il vous reste pour décider si vous rendez l'antenne ou si vous allez me diffuser en direct. Mais sachez que si je ne me vois pas dans trente secondes sur cet écran, je tire". Et il tendit le bras pour bien enfoncer son canon contre le crâne de Paul Daki-Ferrand.
Yanis fut reconnaissant à son collègue et supérieur de ne pas évoquer ce qu'il devait penser en réalité. << Prochains jours. » Les plus déterminés des preneurs d'otages, lorsqu'ils avaient longue- ment mûri et préparé leur coup, pouvaient rester à négocier pendant un temps interminable
Et pour diluer son pouvoir. Il ne peut pas exiger et obtenir. Pardon du terme, mais j’ai aussi besoin d’un maximum de fusibles. Vous serez le premier. Si la situation l’exige, je pourrais être le second. Mais il ne devra jamais parler à celui qui commande, c’est la règle, pour qu’on ne puisse jamais lui répondre oui ou non, mais seulement qu’on va faire de notre mieux. Ce serait lui accorder trop de pouvoir que de négocier directement avec celui qui commande, et s’il se sent trop puissant, il va demander encore plus, ça va nourrir son ego, renforcer sa détermination, tout ce qu’on ne veut surtout pas.
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