JUSQU’À L’OS : UNE PLONGÉE AU CŒUR DE L’INHUMANITÉ
Pascal Alliot nous plonge avec Jusqu’à l’os dans un roman sombre et brutal qui interroge les tréfonds de la nature humaine. À travers une histoire marquée par la violence extrême et le pouvoir absolu, l’auteur nous confronte à l’effacement de l’humanité et à la résilience des individus dans un contexte où survivre est un acte de rébellion. Ce récit, à la fois glaçant et poignant, invite à réfléchir sur les limites de la morale et les impacts des idéologies destructrices de notre passé.
Chronique Roman : Jusqu’à l’os • Pascal Alliot
Le roman se déroule dans un univers dystopique où des loups – métaphore d’un régime totalitaire impitoyable – prennent le pouvoir et orchestrent une extermination de masse dans des camps où règnent la mort et l’asservissement. La roman suit plusieurs personnages pris dans cet engrenage de violence : des déportés privés de leur identité, transformés en matricules, et des bourreaux aveuglés par une idéologie perverse.
La première partie décrit les horreurs des camps : les conditions inhumaines, les sévices physiques et psychologiques, et le sadisme des bourreaux. La lutte pour la survie domine chaque instant, au prix de l’effacement de l’humanité des victimes.
La deuxième partie s’intéresse au retour des survivants à une vie "normale". Brisés, réduits à l’état de spectres, ils tentent de se reconstruire dans une société marquée par le silence et l’oubli. La résilience devient leur ultime combat, bien que les cicatrices psychologiques demeurent indélébiles.
La troisième partie explore le passé des responsables de cette machine de destruction. Le futur Maître, personnage central, est présenté comme un être corrompu par ses vices, sa perversion et ses ambitions politiques. Sa montée en puissance au sein d’un mouvement extrémiste montre comment la haine et l’idéologie peuvent se transformer en mécanismes de pouvoir destructeurs.
Bien que le nom d'Hitler ne soit jamais explicitement mentionné, de nombreux indices laissent penser que Jusqu'à l'os s'inspire de cette période historique.
• Les camps de concentration :
Les descriptions des camps où les déportés, réduits à de simples matricules, subissent des traitements inhumains rappellent les horreurs des camps nazis.
• L'organisation militaire et les symboles :
"La tête de l’aigle royal et ses serres acérées" – fait clairement écho aux insignes officiels du Troisième Reich.
• Les massacres de masse et les crémations :
L’extermination systématique des individus jugés indésirables rappelle la Shoah et son caractère méthodique et industriel.
• Une idéologie destructrice :
Le "futur Maître", avec ses ambitions politiques, ses discours enflammés et sa montée au sein d’un cercle extrémiste, est une allusion évidente à la carrière d’Adolf Hitler et à l’émergence du parti nazi.
• La notion de "race pure" :
Les références aux hommes et femmes "pures" soulignent une idéologie raciste visant à éradiquer les groupes considérés comme inférieurs, un pilier central de l’idéologie nazie.
Avis sur le Roman : Jusqu’à l’os • Pascal Alliot
J'ai aimé cette lecture malgré la dureté de son contenu, que j'ai parfois trouvé trop trash et violent. Pascal Alliot, comme dans son roman Journal ordinal d'un assassin pas ordinaire, structure son récit en plusieurs parties. Nous plongeons d'abord dans l'horreur des camps, où la barbarie est décrite sans filtre. Puis, nous découvrons des personnages réduits à leur matricule, dépouillés de leurs noms et de leur identité. Enfin, la dernière partie éclaire la genèse de cette période abominable, en dévoilant les créateurs du mouvement et l’idéologie qui les a animés.
L’écriture est fluide et immersive, mais, comme dans son précédent roman, j’ai trouvé certaines redondances dans la représentation stigmatisante des femmes. Celles-ci sont souvent dépeintes comme des figures en quête de plaisirs charnels, prêtes à tout pour du sexe et des relations passionnées et jouissives à l'excès. Cette vision des femmes, assoiffées de sexe tout au long du récit, devient fatigante. Les hommes, quant à eux, ne sont pas en reste, mais leurs actes sont souvent plus violents, dégradants, et imprégnés de sadisme. Cette dualité, bien qu’intentionnelle, alourdit le récit et accentue un sentiment de répétition.
Les éléments du roman créés un parallèle glaçant avec l’histoire réelle, en ancrant la fiction dans un imaginaire qui renvoie directement à la montée en puissance d’Hitler et aux atrocités du régime nazi. Dans Jusqu'à l'os, Pascal Alliot dépeint un camp de déportés où le pire de l’humanité s’exprime dans un lieu noir et désespérant. Les victimes, réduites à l’état d’esclaves, vivent des journées de labeur éreintantes, ponctuées de supplices indicibles : viols, exécutions sauvages, tortures extrêmes, cadavres entassés, et violences implacables. Les scènes, crues et brutales, exposent sans détour des projections macabres, où le sadisme atteint une intensité sans limite. Les assauts sexuels, souvent dégradants, et les termes crus liés au sexe renforcent la dimension oppressante de ce récit. Même des thèmes tabous tels que l’inceste, le vice et la perversion sont évoqués, révélant la profondeur de la corruption morale des bourreaux, qui trouvent un plaisir sadique dans l’anéantissement de leurs victimes. Cette lecture est un rappel brutal de la barbarie que l’homme peut infliger à ses semblables, avec une touche sexualisée qui intensifie l’horreur du récit.
Extraits du Roman : Jusqu’à l’os • Pascal Alliot
La journée de travail commençait vers huit heures trente du matin en théorie, et durait, là encore en théorie, avec juste vingt minutes d’arrêt à midi afin de recevoir sa soupe transparente et son quignon de pain et les manger, jusqu'à vingt-et-une heures. Mais on pouvait rentrer beaucoup plus tard, mais jamais au-delà de vingt-trois heures. Bien sûr, cela s’appliquait à l’ensemble des jours de la semaine, dimanche compris.
Après la cérémonie funèbre de l’appel, en route pour le repos, le seul que l’on vous octroie. Et sa soupe atroce, son pain innommable et quelques heures de gagnées sur la vie. Jusqu’au lendemain et le retour absurde, mais bien présent vers l’Enfer. Et cela constituait la seule issue. Rester une ombre sans nom, mais vivante, ou un mort que l’on brûle ou enterré à la va-vite dans une fosse à votre taille.
Au-delà du meurtre de masse, on assassinait aussi par plaisir sadique, par volonté, ceux et celles qui peu de temps auparavant jouissaient encore de la liberté, d’une normalité de vie au quotidien enviable.
Lui qui avait vu la mort de près, à l’œuvre, de la plus horrible des manières. Dans un monde de cris, de furies, de violence et de sang. Là où les loups venaient vous dévorer dans la nuit des Maîtres Rois. Là où l’Enfer vous emmène vers sa route jonchée de cadavres carbonisés, décapités, ouverts, les boyaux à l’air. Là où vous devez vous faire tout petit, invisible pour rester encore un peu un être de chair et de sang.
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