LE BASCULEMENT : QUAND LE MONDE S'EFFONDRE
Chronique : Le Basculement • Stéphane Heska
Dans ce monde bouleversé, la nature a repris ses droits, imposant ses lois sauvages et magnifiques. La magie, désormais omniprésente, façonne le quotidien des survivants, les obligeant à se réinventer. Il faut réapprendre à cultiver, chasser, fabriquer ses vêtements, se soigner et simplement… vivre. Car si ce nouveau monde émerveille par sa beauté brute, il reste imprévisible, peuplé d’êtres étranges, humains ou non, capables du meilleur comme du pire. Une renaissance, entre espoir et vigilance.
Entre rencontres troublantes, révélations sur le cycle des mondes et menace grandissante, Tom devra choisir : fuir ou comprendre. Et peut-être, au cœur de ce chaos enchanté, renaître.
Avis : Le Basculement • Stéphane Heska
Le Basculement est un roman post-apocalyptique, qui nous plonge dans un monde bouleversé, où la réalité telle qu’on la connaissait a volé en éclats. La vie des protagonistes est profondément transformée : les lois de la physique semblent renversées et la magie fait une irruption aussi déroutante qu’inattendue. Ce basculement radical installe un cadre inquiétant, chargé de mystères et de dangers.
La première moitié du roman se déroule majoritairement en huis clos, au sein d’un camp improvisé. Cette période de repli est consacrée à la réinvention du quotidien : les survivants doivent réapprendre les gestes essentiels – faire du feu, cultiver, chasser, se vêtir, se soigner – mais aussi apprendre à vivre ensemble, à poser les bases d’une nouvelle société. L’auteur décrit longuement ces apprentissages, au risque parfois de la redondance. Le rythme en pâtit, mais cette lenteur reflète la difficulté de reconstruire, pas à pas, un semblant de normalité dans un monde renversé.
Malgré les répétitions, cette première partie permet de s’attacher aux personnages, de les connaitre aimer ou haïr, et de ressentir toute l’humanité de leur situation. Les soirées au coin du feu, les jeux, les fêtes improvisées, la préparation des crêpes ou encore les discussions entre survivants apportent de la chaleur et de la tendresse à ce contexte dur. Tom, le narrateur, nous emmène dans son cheminement intérieur et ses rencontres : Groumf, Lola, ou encore Nassim, pompier fidèle et dévoué, toujours prêt à aider. La nature qui reprend ses droits, la faim, la maladie, la mort omniprésente, les batailles pour défendre le sanctuaire… tout cela donne au récit une tonalité poignante, empreinte de réalisme.
La seconde moitié du roman marque un tournant salvateur. Le rythme s’accélère enfin, le monde s’ouvre. Tom et ses compagnons quittent leur campement pour explorer les terres environnantes, découvrant d’autres communautés, d’autres espèces, et de nouveaux dangers. L’univers gagne en richesse, la magie prend une place plus marquée, et les enjeux s’intensifient. Ce souffle d’aventure renouvelle l’intérêt et contrebalance la première partie plus introspective.
À travers ce parcours, Le Basculement interroge notre capacité à nous adapter, à faire face à l’inconnu, à puiser dans nos ressources profondes pour survivre, mais aussi pour bâtir. Dans ce nouveau monde, il faut tout réapprendre : cultiver, chasser, faire pousser, se vêtir, mais aussi renouer des liens, construire une communauté, et accepter la cohabitation avec des êtres parfois étranges, parfois bienveillants… parfois hostiles.
C’est une dystopie fantasy marquée par la dureté d’un monde post-apocalyptique, où l’homme est contraint de retrouver une forme de sagesse pour se réinventer. Si la première partie exige patience et persévérance, la seconde récompense par un récit plus riche et dynamique. Une aventure exténuante, autant physique que mentale, qui exige de chaque personnage une force intérieure, un profond effort d’adaptation et une grande maîtrise de soi. Dans ce monde en ruines, la vie en communauté devient vitale, chacun apprenant des autres, partageant savoirs et solidarités. Mais au fil des jours, les notions de bien et de mal, de lumière et d’obscurité, se troublent.
Il ne s’agit plus seulement de survivre, mais de choisir quel être humain on veut devenir dans ce nouvel équilibre.
Extraits : Le Basculement • Stéphane Heska
Qui aurait cru qu’en deux jours le centre-ville de Saint-Fons se transformerait en jungle amazonienne ? J’ai écumé tout le quartier. Plein de macchabées, partout. Il y a des gens qui sont allés chercher de l’aide, mais je ne les ai pas revus. Trois autres sont restés avec moi pour secourir des blessés, mais on a été attaqués par des… créatures. On s’est enfuis et je me suis perdue. Les morts sont porteurs d’une sorte de peste noire avec des bubons… Je les évite dorénavant. Un attentat chimique ? Comment ces drôles d’animaux sont-ils apparus ? Une invasion?
La forêt autour d’eux était devenue inextricable, des chênes massifs avaient atteint leur pleine maturité, complétés par des essences que Lola avait identifiées comme des noisetiers, des hêtres, des bouleaux, des ormes et quelques tilleuls. Des buissons épineux, églantiers, prunelliers, aubépines ou ronces encombraient le sol jusqu’à deux mètres de hauteur, entre lesquels se faufilaient des fougères ou du lierre, rendant toute progression impossible dans ce parapet végétal.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci pour votre commentaire. Bonne journée