Roman : Le jour où je serai orphelin • Christine Adamo

Chronique Roman : Le jour où je serai orphelin • Christine Adamo

Dans Le jour où je serai orphelin, Christine Adamo plonge dans l'univers tourmenté d'un jeune garçon confronté à des relations familiales complexes et douloureuses. Avec une plume très personnelle et un style introspectif, l'autrice explore les pensées et les émotions d'un enfant en quête de liberté et d'amour, tout en mettant en lumière les choses toxiques qui façonnent son quotidien. Ce roman, à la fois poignant et troublant, invite à réfléchir sur le poids actes parentaux et des blessures invisibles qui marquent l'enfance.



Chronique : Le jour où je serai orphelin • Christine Adamo


Lui c'est Tom. Il a dix ans, et vit une enfance solitaire et pesante, tiraillé entre une mère froide et autoritaire et un père qu'il ne voit que le week-end. Sa mère, professeure de mathématiques à l'université, est stricte, souvent injuste et insensible au bien-être de son fils. Bien qu'elle prône des principes éducatifs rigoureux, ses actions sont teintées d'amertume et de colère. Elle est accompagnée de son chat Erasmus, qu’elle semble aimer bien plus que Tom.

Loin de l'affection maternelle, Tom trouve refuge dans des rêves d'évasion et des idées sombres. Il nourrit une aversion grandissante pour sa mère et son grand-père maternel, un homme qu'il perçoit comme le symbole du mal et de la méchanceté dans son univers. Face à ce quotidien oppressant, Tom imagine des solutions radicales pour se libérer de cette emprise.

Le récit explore les pensées intérieures du jeune garçon, entre l’innocence de son âge et la noirceur des idées qui germent en lui. Alors que Tom cherche désespérément une issue pour vivre avec son père, il envisage des actes irréversibles, s'entraînant d'abord sur Erasmus, puis projetant de passer à l’action contre son grand-père. Ces pensées deviennent une obsession, révélant une détresse profonde et un cri silencieux pour être aimé et reconnu.

Le roman met en lumière la réalité et les conséquences du quotidien d'un futur psychopathe. Tom est un enfant perdu dans un monde d'adultes insensibles à la gravité de son mal-être. Il grandit sans émotion, sans regrets ni remords pour ses actes.





Avis : Le jour où je serai orphelin • Christine Adamo


Roman : Le jour où je serai orphelin • Christine Adamo

Christine Adamo nous plonge dans un univers dérangeant et troublant à travers les pensées d’un jeune garçon au bord du basculement. Le jour où je serai orphelin mêle un langage enfantin et des réflexions d’une maturité inquiétante, créant un contraste déstabilisant. L’autrice alterne entre des termes très simples comme "zizi, pipi, caca, péter" ou des expressions enfantines telles que "à cause que", "pas pour de vrai", "tout pareil que le", et des passages bien plus élaborés qui traduisent une pensée étonnamment évoluée pour un enfant de cet âge. Ce mélange reflète la dualité du personnage, à la fois un enfant en quête de repères et un futur psychopathe en construction.

Tom raconte son quotidien, partagé entre ses malheurs, ses réflexions sur sa mère autoritaire et insensible, ses relations idéales avec son père, et ses animaux, notamment son chat Erasmus et le chien de son père, Bismuth. Sa vie est marquée par des interdictions constantes : il n’a pas "le droit d’avoir le droit" avec sa mère, une formule qui revient à plusieurs reprises et souligne la frustration d’un enfant privé de liberté.

Les prémices de son basculement vers la violence sont glaçantes. Il est dépourvu d’émotions, de regrets ou de remords, ne ressent rien face à ses actes. Il tue le chat de sa mère par électrocution, empoisonne son grand-père, et va jusqu’à assassiner une camarade de classe. Ce qui est particulièrement perturbant, c’est la façon dont il réfléchit méthodiquement à ses crimes, élaborant des plans jusque dans les moindres détails, sans aucun état d’âme. Ces scènes, racontées avec une froideur clinique, mettent en lumière les débuts d’un serial killer en devenir.

Le but ultime de Tom est clair : vivre avec son père. Pour cela, il estime qu’il doit éliminer les obstacles. Malgré l’horreur des actes, Tom parle également de son père, qu’il idéalise, de sa petite sœur, et de sa mère, qu’il déteste viscéralement. La froideur de Tom, combinée à son langage enfantin et à ses pensées terrifiantes, provoque une lecture à la fois fascinante et malaisante. 

Pour finir, quelques bémols concernant le roman : l’expression "masses de", employée à près de 30 reprises, devient rapidement trop redondante et finit par alourdir la lecture. Ce roman ne m’a pas totalement convaincue, mais il saura sans doute me captiver dans la seconde partie de l'histoire avec le tome 2 : "Fallait pas m'embêter " avec ses récits psychologiques intenses et dérangeants. Un livre qui frappe fort, et qui j'espère sera aussi choquant que salvateur pour clore l'histoire. J'aurais également apprécié que "Tome 1" soit mentionné sur la couverture.

Bien que ce roman soit sombre et nous immerge dans un univers profondément malsain, je dois avouer que cette lecture n’est pas tout à fait faite pour moi. Si certains lecteurs trouveront sans doute un intérêt dans cette plongée psychologique, j’ai personnellement eu du mal à me plonger totalement dans cette histoire.




Extraits : Le jour où je serai orphelin • Christine Adamo



Moi, je pouvais pas rester comme ça au milieu des pages qui flottaient. L’embêtant, c’est que, quand je suis sorti du bain et que j’ai voulu m’essuyer, le papier s’est collé à mes jambes et la serviette a fait des boulettes avec, toutes pareilles que les crottes de nez que je pose le soir sur ma table de nuit avant de dormir mais que je mange en vitesse le matin en me réveillant sinon ça ferait encore des histoires. Là, les boulettes de livre, j’ai pas eu le temps de les manger vu qu’il y en avait trop. Et maman hululait toujours. Après, j’ai encore été dormir sans dîner.

J'en ai marre. Je vois jamais rien ni à la télé ni sur l’ordinateur ni sur la tablette. Ni sur rien. Je connais rien. Et c'est la faute de maman.

Papa dit ta mère est malheureuse il ne faut pas lui en vouloir en plus le whisky lui détruit les cellules du cerveau. Ça empêche pas que moi, je comprends pas pourquoi maman continue à boire alors qu’elle veut pas que je regarde la télé ou que j’ai l’ordinateur ou l’iPhone. Ça doit quand même moins manger les cellules de jouer sur l’iPhone ou de regarder les pubs à la télé que de boire une grande bouteille d'eau de punaise.

Mais ça empêche pas que, quand je tuerai les chasseurs, je le ferai pas vite et en enlevant la peau de leur figure et de leur corps tout lentement ou encore en leur enfonçant des petites branches dans leurs oreilles, et dans leurs yeux et sous leurs ongles, pareil que les Hurons dans Le-Chasseur-De-Daims26. Après, je mettrai le feu. En attendant, dans la forêt de l’hiver, il y en a toujours des chasseurs et ça me fait bondir la colère dans mon cerveau de les voir tout rouges et gros dans leurs faux habits de soldat-vert-caca, avec des moustaches qui pendent jaunes et sales au-dessus de leurs grosses lèvres baveuses et dégoûtantes.






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