BD : Calamity Jane • Bardiaux-Vaïente et Hersent

BD • CALAMITY JANE, L'AVENTURIÈRE DE L'OUEST

Martha Jane Cannary, plus connue sous le surnom de Calamity Jane, est devenue une figure emblématique des plaines de l’Ouest américain. À la fois éclaireuse, chercheuse d’or, cuisinière débrouillarde et conductrice d’attelages, elle a su faire sa place dans un monde dominé par les hommes. Femme d’action et de liberté, Jane évolue en marge des conventions sociales, oscillant entre la bravoure et l'excentricité. Je vous propose aujourd'hui de découvrir le parcours de cette femme hors norme dans la BD dédiée à cette femme de Marie Bardiaux-Vaïente, Gaëlle Hersent et Farid Ameur parue chez Glénat.

CHRONIQUE : BD • CALAMITY JANE

Ce qui distingue Calamity Jane, c’est son désir de vivre selon ses propres règles, loin des attentes imposées aux femmes de son époque. Têtue et intrépide, elle est à l’aise parmi les mineurs, soldats et chasseurs, rejetant les mœurs féminines qu’elle trouve contraignantes. Peu intéressée par les codes de la société féminine, Jane préfère les compagnies masculines, où elle jure, boit, et ne se laisse jamais marcher sur les pieds. Elle est bien plus qu’une simple cowgirl : c’est une fine gâchette, une experte du lasso, qui porte ostensiblement une arme et refuse de monter en amazone, défiant ainsi les usages de son temps.

Les saloons, les tables de poker et les altercations sont son terrain de jeu, où elle n’hésite pas à régler ses différends à coups de poing. Son audace ne passe pas inaperçue, et ses manières effrontées lui valent autant d’admiration que de critiques. « Où qu’elle aille, il ne tardait pas à y avoir du grabuge. C’était une véritable calamité ! » raconte un fermier, sans se douter qu’il vient d’immortaliser le surnom légendaire qui lui collera à la peau : Calamity Jane.

Héroïne ou fanfaronne ?

Jane est un personnage à multiples facettes. À la fois femme courageuse et aventurière, elle aime pourtant raconter ses exploits à qui veut bien l’entendre, en les embellissant au passage. Pour certains, c’est une poivrote cherchant à attirer l’attention, pour d’autres, une âme courageuse et généreuse, prête à aider les plus démunis. Ses récits, souvent exagérés, participent à la construction de sa propre légende. Mais derrière ses fanfaronnades se cache une femme solitaire, profondément attachée à la liberté qu’elle trouve dans le monde des hommes.

Calamity Jane : l’ange et la calamité

Arrivée à Deadwood en 1876, Calamity Jane est déjà une légende vivante. Tantôt scout, tantôt infirmière ou conductrice d’attelages, elle fascine par son charisme, son courage et son rejet des convenances. Bien que controversée pour son attitude provocatrice, elle se distingue par sa générosité, notamment lors des épidémies, où elle aide les malades sans hésitation. Ce geste lui vaut d’être surnommée « l’ange de la miséricorde ». À travers ses actions, elle incarne le paradoxe d’une femme à la fois scandaleuse et bienveillante, naviguant entre ses élans de bravoure et ses excès.

Un mythe forgé à coups d’affabulations

Le mythe de Calamity Jane s’est bâti de son vivant. Connue pour ses récits plus grands que nature, elle ne cesse de brouiller la frontière entre réalité et fiction. L’Histoire peine à démêler la vérité derrière cette figure énigmatique. Était-elle réellement cette femme au grand cœur, courageuse et désintéressée, ou n’était-elle qu’une conteuse exubérante aimant attirer l’attention par ses anecdotes ? 

Une chose est sûre : son esprit indépendant et son allure de garçon manqué ont laissé une empreinte indélébile dans la mythologie de l’Ouest américain.

AVIS : BD • CALAMITY JANE

Calamity Jane incarne bien plus qu’une simple aventurière de l’Ouest. À travers ses récits, ses provocations et son courage, elle a créé un personnage unique, à la fois admiré et redouté. Femme libre, elle reste un symbole de l’émancipation dans un monde d’hommes, mêlant audace, générosité et esprit indomptable. La légende de Calamity Jane, oscillant entre le mythe et la réalité, continue d’inspirer et de fasciner.

Les dessins de cette BD sont très beaux. Chaque case nous plonge dans l'Ouest américain des années 1875, avec une attention méticuleuse aux détails. Les saloons, les chevaux, les fusils, tout est là pour recréer une ambiance authentique. On ressent immédiatement l’atmosphère rude et sauvage de cette époque, ce qui permet de s'immerger pleinement dans l'univers de Calamity Jane.

Cependant, malgré cette réussite visuelle, j’ai trouvé que l’histoire manquait parfois de clarté. La narration se perd entre le présent, le passé, et des récits entrelacés, ce qui rend la lecture assez confuse. Il est difficile de discerner les moments où l’on suit les faits réels ou les souvenirs racontés par le personnage. Cette construction narrative, bien que volontairement chaotique pour refléter la personnalité de Calamity Jane, peut dérouter par son manque de fluidité.

Quant à Calamity Jane elle-même, elle est dépeinte comme une figure complexe, féministe avant l’heure, mais aussi marquée par l’alcoolisme et un penchant pour l’affabulation. Cela ne laisse pas forcément une image positive d’elle, mais c’est précisément ce qui rend le personnage si intéressant. On découvre une femme à la fois forte et vulnérable, tiraillée entre ses convictions et ses démons personnels, ce qui ajoute une réelle profondeur à son portrait.

Cette BD offre une vision de Calamity Jane, avec un récit biographique nuancé, en nous plongeant dans les méandres d'une vie tumultueuse et légendaire.

Si vous aimez ce genre de BD historique et biographique, les trois prochains ouvrages de la série, Alamo, OK Corral, et La Ruée vers l’Or, devraient également vous captiver. Ces titres promettent de revisiter d’autres moments phares de l’histoire de l’Ouest américain avec la même intensité et richesse graphique.