L’Île du Désespoir : Demonica, un Huis Clos Angoissant
"Demonica" de Hervé Gagnon est un roman qui nous plonge dans l'horreur et le mystère. Situé en 1563, il raconte l'histoire de colons français établis sur une île isolée, où leur rêve de nouvelle vie vire rapidement au cauchemar. L'auteur, reconnu pour sa maîtrise des récits historiques mêlés au surnaturel, parvient à recréer une atmosphère oppressante où la foi, la folie et le mal se heurtent dans un huis clos angoissant. Demonica explore les profondeurs de l'âme humaine, confrontée à des forces obscures, dans une lutte désespérée pour la survie.
Chronique : Demonica Hervé Gagnon
Lorsqu'un squelette est découvert lors de la construction de leur camp, l'inquiétude s'installe. Mais ce n’est que le début de leur descente aux enfers. Peu après, la petite Louise Mercier disparaît dans la forêt et revient profondément changée, presque possédée. La malnutrition, le froid, et la peur s’emparent progressivement de la colonie. Les morts s’accumulent, et les survivants, poussés par le désespoir, commencent à envisager des actes impensables, comme le cannibalisme.
Guichard et les autres colons se rendent compte qu'ils ne sont pas seuls sur l'île, qu'une présence maléfique les guette, se nourrissant de leur terreur. La folie s'empare de certains d'entre eux, tandis que la colonie se désagrège sous le poids du mal qui semble les entourer. Isolés du reste du monde, sans espoir de secours, ils doivent faire face à la terrible vérité : ils ont été abandonnés, tant par Dieu que par les hommes, et sont condamnés à un destin funeste.
Mon avis • Demonica de Hervé Gagnon
Extraits • Demonica de Hervé Gagnon
Puis, au début de janvier 1564, l’hiver a frappé de toute sa force et nous n’avons pu que constater à quel point nous avions été innocents. Nul ne peut imaginer les affres de souffrance et de désespoir causées par une froidure paralysante qui fait se casser les clous dans les murs. Nul ne peut concevoir la blancheur aveuglante qui ensevelit ce pays ni les tempêtes violentes et interminables qui font disparaître le monde tout autour et qui menacent d’emporter les cabanes. Nul ne peut comprendre le silence oppressant et assourdissant qui étouffe le moindre bruit jusqu’à l’asphyxie et à l’angoisse.
C’est toi qui vas être mangée, a-t-elle rétorqué d’une voix rauque qui trahissait le fait qu’elle n’avait pratiquement rien dit depuis six mois. Comme tout le monde. Il va dévorer toute la colonie.
Malgré nos vêtements, je sentais ses tremblements et je savais fort bien qu’ils étaient attribuables à la peur bien plus qu’au froid. Un regard furtif nous a suffi pour confirmer que nous songions aux mêmes choses: la petite Louise assise dans son coin, recroquevillée et baignant dans les excréments dont elle s’était elle-même maculée; son regard affamé qui nous suivait partout, au-dessus de ses genoux qui cachaient le bas de son visage et son sourire rempli de chicots noircis. Ses paroles ont résonné à nouveau dans ma tête. C’est toi qui vas être mangée. Comme tout le monde. Il va dévorer toute la colonie. Et puis celles d’Alexandre Bemon: Nous pourrions manger les morts.
Soyez tous maudits! a-t-il lancé. Je vous mangerai tous! Vous entendez? Tous! Jusqu’au dernier!
D’abord la petite qui est possédée du démon et qui parle cette drôle de langue. Maintenant les animaux qui désertent les alentours. Je te le dis, Guichard: cet endroit est maudit. Et nous y sommes prisonniers. Il y a quelque chose de… mauvais, ici. Son constat m’a glacé le sang. Les mêmes observations et les mêmes craintes m’avaient souvent traversé l’esprit depuis quelque temps, mais je n’avais pas eu le courage de les formuler à voix haute.
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