Roman : Demonica • Hervé Gagnon

Chronique Roman : "Demonica" de Hervé Gagnon

L’Île du Désespoir : Demonica, un Huis Clos Angoissant


"Demonica" de Hervé Gagnon est un roman qui nous plonge dans l'horreur et le mystère. Situé en 1563, il raconte l'histoire de colons français établis sur une île isolée, où leur rêve de nouvelle vie vire rapidement au cauchemar. L'auteur, reconnu pour sa maîtrise des récits historiques mêlés au surnaturel, parvient à recréer une atmosphère oppressante où la foi, la folie et le mal se heurtent dans un huis clos angoissant. Demonica explore les profondeurs de l'âme humaine, confrontée à des forces obscures, dans une lutte désespérée pour la survie.


Chronique : Demonica Hervé Gagnon


En 1562, trente-sept colons français quittent la France en quête d'une nouvelle vie. Parmi eux, Guichard Sorbiac, jeune apprenti imprimeur, est le narrateur de leur tragique destin. Après une traversée plus que difficile, ils s’installent sur une île déserte dans le Nouveau Monde, anciennement habitée par des Sauvages. Le groupe, composé d'hommes, de femmes et d'enfants, espère y bâtir une colonie prospère. Cependant, ils sont rapidement confrontés à des événements étranges et terrifiants.

Lorsqu'un squelette est découvert lors de la construction de leur camp, l'inquiétude s'installe. Mais ce n’est que le début de leur descente aux enfers. Peu après, la petite Louise Mercier disparaît dans la forêt et revient profondément changée, presque possédée. La malnutrition, le froid, et la peur s’emparent progressivement de la colonie. Les morts s’accumulent, et les survivants, poussés par le désespoir, commencent à envisager des actes impensables, comme le cannibalisme.

Guichard et les autres colons se rendent compte qu'ils ne sont pas seuls sur l'île, qu'une présence maléfique les guette, se nourrissant de leur terreur. La folie s'empare de certains d'entre eux, tandis que la colonie se désagrège sous le poids du mal qui semble les entourer. Isolés du reste du monde, sans espoir de secours, ils doivent faire face à la terrible vérité : ils ont été abandonnés, tant par Dieu que par les hommes, et sont condamnés à un destin funeste.



Mon avis • Demonica de Hervé Gagnon


Avec Demonica, Hervé Gagnon réussit à capturer l'essence du désespoir et de la terreur dans un cadre historique déjà plein de tensions. La façon dont l'auteur a utilisé le cadre du Nouveau Monde pour explorer les thèmes de la foi, de la folie, et de la survie est intéressant. Les personnages sont bien construits, et nous ressentons la peur croissante qui envahit peu à peu chaque membre de la colonie. En tant que lectrice, je me suis retrouvée absorbée par cette histoire sombre, ressentant un mélange d'effroi et de fascination face aux événements qui se déroulaient. La transformation de la petite Louise m'a bouleversée, tout comme l'angoisse palpable qui monte à chaque page.

"Demonica" est un roman qui m'a tout d'abord captivée par son atmosphère sombre et oppressante en huit clos. Le début du livre est particulièrement prenant, avec une description saisissante des conditions de vie extrêmes sur cette île isolée. Hervé Gagnon excelle à dépeindre la détresse des colons, confrontés à la malnutrition, au froid glacial, et à la peur grandissante. Les personnages, bien que souvent écrasés par les événements, sont intéressants et réalistes, chacun tentant de survivre dans un environnement de plus en plus hostile. Le mystère qui entoure l'île, avec des éléments surnaturels qui se dévoilent peu à peu, m'a vraiment tenue en haleine. On ressent la terreur collective qui s'empare des colons, notamment à travers des scènes troublantes comme celle du regard terrifiant de la petite Louise, ou encore la question déchirante du cannibalisme pour survivre.

Cependant, malgré un début prometteur, j'ai trouvé la dernière partie du roman plus confuse. Le récit, qui jusque-là semblait bien structuré, m'a paru s'éparpiller, et j'ai eu du mal à suivre l'intention de l'auteur. Les événements rendent difficile la compréhension des enjeux réels. Certains aspects de l'intrigue m'ont laissée perplexe. Quant à la fin, elle m'a laissée dubitative, sans m'offrir de conclusion claire ou satisfaisante. J'ai eu l'impression que le mystère restait en grande partie non résolu. La confusion qui règne dans la conclusion et m'a empêchée de pleinement apprécier l'histoire.

Malgré ces réserves, je reconnais que le livre a su m'immerger dans un univers sombre et inquiétant, et je pense qu'il plaira aux amateurs de récits historiques mêlés de surnaturel, même si certains aspects de la fin ne m'ont pas convaincus.

Les thèmes principaux abordés sont : l'isolement et l'abandon complètement isolés du monde extérieur, sans aucun espoir de secours, le surnaturel avec une présence maléfique sur l'île, la survie est au cœur de l'histoire avec la famine et à des conditions de vie extrêmes. 



Roman : "Demonica" de Hervé Gagnon

Extraits • Demonica de Hervé Gagnon


Puis, au début de janvier 1564, l’hiver a frappé de toute sa force et nous n’avons pu que constater à quel point nous avions été innocents. Nul ne peut imaginer les affres de souffrance et de désespoir causées par une froidure paralysante qui fait se casser les clous dans les murs. Nul ne peut concevoir la blancheur aveuglante qui ensevelit ce pays ni les tempêtes violentes et interminables qui font disparaître le monde tout autour et qui menacent d’emporter les cabanes. Nul ne peut comprendre le silence oppressant et assourdissant qui étouffe le moindre bruit jusqu’à l’asphyxie et à l’angoisse.

C’est toi qui vas être mangée, a-t-elle rétorqué d’une voix rauque qui trahissait le fait qu’elle n’avait pratiquement rien dit depuis six mois. Comme tout le monde. Il va dévorer toute la colonie.

Malgré nos vêtements, je sentais ses tremblements et je savais fort bien qu’ils étaient attribuables à la peur bien plus qu’au froid. Un regard furtif nous a suffi pour confirmer que nous songions aux mêmes choses: la petite Louise assise dans son coin, recroquevillée et baignant dans les excréments dont elle s’était elle-même maculée; son regard affamé qui nous suivait partout, au-dessus de ses genoux qui cachaient le bas de son visage et son sourire rempli de chicots noircis. Ses paroles ont résonné à nouveau dans ma tête. C’est toi qui vas être mangée. Comme tout le monde. Il va dévorer toute la colonie. Et puis celles d’Alexandre Bemon: Nous pourrions manger les morts.

Soyez tous maudits! a-t-il lancé. Je vous mangerai tous! Vous entendez? Tous! Jusqu’au dernier!

D’abord la petite qui est possédée du démon et qui parle cette drôle de langue. Maintenant les animaux qui désertent les alentours. Je te le dis, Guichard: cet endroit est maudit. Et nous y sommes prisonniers. Il y a quelque chose de… mauvais, ici. Son constat m’a glacé le sang. Les mêmes observations et les mêmes craintes m’avaient souvent traversé l’esprit depuis quelque temps, mais je n’avais pas eu le courage de les formuler à voix haute.







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