Livre : L'homme de nulle part • Gregg Hurwitz

Après Orphelin X, un premier tome captivant, Gregg Hurwitz revient avec L'homme de nulle part, une suite qui s’intensifie et approfondit l’univers de ce héros hors du commun. Evan Smoak est un ancien assassin d’élite formé par une organisation secrète, aujourd’hui décidé à mettre ses compétences au service des plus démunis. Dans ce second volet, Gregg Hurwitz nous entraîne dans une intrigue plus sombre, où chaque instant est un combat pour la survie de son héros.

Chronique Roman : L'homme de nulle part • Gregg Hurwitz

Evan Smoak, alias l’Homme de Nulle Part, continue sa mission : sauver ceux qui n’ont plus d’espoir grâce à un numéro de téléphone unique, le 1-855-2-NOWHERE, qu’il transmet à ses protégés pour qu’ils le partagent à d'autres victimes dans le besoin. Ce système le relie à des personnes désespérées et qui ont besoin d'aide. Il est leur dernier espoir. 

Alors qu’il se remet à peine d’une mission, Evan est drogué et se réveille enfermé dans un appartement luxueux au fond d’une vallée inconnue. Ses ravisseurs, menés par René, un criminel richissime et mégalomane, exigent 27 millions de dollars en échange de sa vie. Loin de Los Angeles, Evan est coupé de ses ressources et entouré d’une sécurité renforcée : des gardes armés, des chiens de combat, et deux sniper embusqué dans les montagnes.

Parallèlement, Alison Siegler reste prisonnière dans un conteneur qui doit être livré sous treize jours à Jacksonville, où elle sera vendue comme esclave. Evan sait qu’il doit impérativement s’évader pour la sauver, mais son geôlier semble avoir tout prévu pour l'empêcher de s’échapper.

Malgré la captivité, Evan reste concentré sur son objectif : sauver Alison Siegler et un jeune garçon qui l’a contacté via son numéro spécial. Ces vies dépendent de lui, et cette responsabilité le pousse à puiser dans son ingéniosité et son entraînement pour tenter de s’évader. Il manipule ses ravisseurs, crée des diversions et exploite les failles de leur système de sécurité.

Evan devra mettre ses compétences inégalées et son esprit stratégique, pour survivre dans cet enfer qui s'offre à lui. Une véritable course contre la montre où Evan Smoak est ici la proie. Ses talents impressionnants, forgés par des années d’entraînement intense, se heurtent à un réseau d’ennemis puissants et déterminés. Cependant, la véritable force d’Evan réside dans son humanité : il ne se bat pas uniquement pour lui-même, mais pour ceux qui n’ont personne d’autre pour les sauver. Mais arrivera t-il cette fois à remporter la partie face à un adversaire plus que redoutable ?

Avis roman : L'homme de null part • Gregg Hurwitz

Gregg Hurwitz nous livre un thriller haletant, où tension constante et rebondissements inattendus se mêlent à des dilemmes moraux poignants. Ce deuxième tome explore avec brio les thèmes du sacrifice, de la rédemption, et de la quête de justice, tout en dévoilant un héros qui lutte non seulement contre ses ennemis extérieurs, mais aussi contre ses propres démons.

Dès les premières pages, on ressent l’urgence de la situation. Evan Smoak, arraché de l’ombre et projeté en pleine lumière, perd tout contrôle sur sa mission. Enfermé dans un huis clos oppressant, il subit une véritable descente aux enfers : tortures, panique, et isolement sont au cœur de ce roman. Ce cadre étouffant est à double tranchant. D’un côté, il renforce l’aspect psychologique du récit, mais de l’autre, il est assez long à démarrer et manque de dynamisme dans la première partie du roman.

L’une des forces de ce livre réside dans la manière dont l’auteur joue avec les émotions d’Evan. Son lien avec le monde extérieur est réduit à néant, augmentant sa rage de ne pas pouvoir aider les autres. Toujours tourné vers ceux qui comptent sur lui, il est rongé par l’impuissance. Une inversion des rôles, où cette fois-ci Evan devient une victime à son tour.

Un héros façonné par son passé

Les chapitres sont ponctués de flashbacks où Evan se remémore son passé dans le Programme Orphelin. Ces souvenirs, sont centrés sur Jack Johns, son formateur qui fait office de figure paternelle, et son explique les origines de ses compétences et de ses valeurs. On découvre un entraînement impitoyable : séances de tir, de combat rapproché, manipulations psychologiques, et espionnage technologique. Jack, bien plus qu’un mentor, est un guide moral pour Evan. Cependant, son absence est ressentie comme un vide immense, un mélange de culpabilité, de remords, et de perte.

Ces retours dans le passé permettent également de mieux comprendre le poids que porte Evan : une vie entière passée à se fondre dans la masse, à ne jamais laisser de traces, et à endosser un rôle qui l’a éloigné de toute normalité. Un contraste entre l’homme qu’il est devenu et l’enfant qu’il était.

Une plume impitoyable

Gregg Hurwitz ne ménage pas son héros. Il le confronte à des situations extrêmes, lui inflige des souffrances physiques et psychologiques, et le place dans des dilemmes moraux incessants. Cette brutalité, bien que parfois difficile à lire, renforce l’intensité du roman et le côte addictif de cette lecture? On a mal pour Evan, mais l'envie folle qu'il s'en sorte en un seul morceau. La tension traverse chaque page, avec ce héros qui se cache derrière une façade de froideur, et qui s’impose comme un héros tragique et inoubliable.

À l’image du premier opus, l’histoire prend son temps pour se mettre en place, ce qui donne un impression de démarrage un peu lent. Cependant, dès que l’auteur plonge dans le vif du sujet, le suspense, les pages défilent à une vitesse folle. Impossible de poser ce roman une fois embarqué dans l’action ! Un mélange parfait de tension, de profondeur et d’intensité, il s’impose comme mon premier coup de cœur de l’année 2025.

Extraits : L'homme de null part • Gregg Hurwitz

Elle regarde ses parents assoupis, épuisés par une longue journée de travail, et le gouffre de la culpabilité s’agrandit en elle, l’éloignant des siens jusqu’à ce qu’elle se retrouve perdue sur un îlot minuscule qui à son tour s’amenuise à vue d’œil, réduisant sa famille à de simples points sur l’horizon.

Vous êtes entre mes mains. À ma merci. Personne ne viendra vous secourir. — Je n’attends pas d’être secouru. Le secours, c’est moi.

La bouche d’aération au-dessus de lui soufflait un air chaud sur son cou et le faisait transpirer. Ou bien était-ce la peur, qui commençait tout juste à se frayer un chemin à travers sa peau? Il avait passé tant d’années en sécurité, dissimulé dans l’ombre, invisible, impénétrable. Et voilà que le rocher soigneusement positionné sous lequel il s’était caché était sur le point d’être retourné, sa vie exposée en pleine lumière.

D’aussi loin qu’il s’en souvenait, la solitude avait toujours été son unique compagne. Mais jamais il ne s’était senti aussi absolument seul qu’à ce moment, enfermé qu’il était dans ce caisson transparent, entouré de gens se disputant le droit de le massacrer.