BD : Ange Leca (tome 2)

DE LA CORSE À NEW YORK
ANGE LECA - TOME 2

Plongez au cœur de la moiteur new-yorkaise de 1911 dans le deuxième tome de "Ange Leca : Monstres Américains". Porté par la plume de Tom Graffin et Jérôme Ropert, et le trait réaliste de Victor Lepointe, ce polar graphique nous invite à suivre un héros écorché vif, tiraillé entre sa quête amoureuse et une enquête criminelle. Ce nouvel opus pose un regard sombre sur le rêve américain tout suivant une enquête de femmes disparues. 

Résumé BD : Ange Leca (tome 2)

Ange Leca, journaliste corse et détective malgré lui, n’a jamais oublié Emma, la femme qu’il aime et qui a disparu après les événements du premier tome. Lorsqu’il apprend que le mari d’Emma aurait été aperçu à New York, il traverse l’Atlantique, bien décidé à la retrouver. Arrivé pendant un été suffocant de 1911, il se lance dans une double mission : retrouver Emma et éclaircir la disparition mystérieuse de plusieurs femmes dans la ville. 

Aidée par Ray, un jeune Américain débrouillard, et sollicité par le détective César Capponi travaillant pour l’agence Pinkerton, Ange remonte des pistes dans un Manhattan à la fois fascinant et dangereux, où la mafia prend racine et où la société évolue dans un climat d’angoisse et de paranoïa. Le parcours d’Ange Leca croise celui de Clouët des Pesruches, mari jaloux et ennemi de toujours. La chasse à la vérité devient une course contre la montre dans cette ville peuplée de figures troubles, de manipulateurs et de véritables "monstres humains". La chaleur, les fantômes du passé et le poids de l’obsession amoureuse font monter la tension, tandis que la violence et l’injustice s’invitent à chaque page.

Avis BD : Ange Leca (tome 2)

Dès les premières pages, j’ai été happé par l’ambiance oppressante de ce deuxième tome. Le réalisme du dessin de Victor Lepointe sert à merveille le sentiment d’écrasement, entre chaleur moite, buildings imposants et rues grouillantes. On ressent l’urgence et la fragilité d’Ange, hanté par la perte, la solitude et la quête presque maladive de l’être aimé. L’enquête est loin d’être linéaire : le polar historique se double d’un portrait social acide de l’Amérique du début du XXe siècle, entre mafia naissante, psychiatres troubles et violences faites aux femmes.

Si j’attendais beaucoup de ce deuxième tome d’Ange Leca, je ressors avec un avis mitigé. Le scénario est riche, dense, parfois complexe et il faut accepter de s’y perdre avant que toutes les pièces ne s’emboîtent. Mais cette complexité, qui plaira à certains, m’a parfois perdue en cours de route. J’ai eu du mal à m’immerger totalement, restant souvent sur ma faim devant des réponses qui se font attendre et une intrigue qui semble vouloir ménager ses effets, quitte à frustrer le lecteur. La sensation que l’histoire va se poursuivre n’aide pas à trouver une vraie conclusion.

Côté graphisme, rien à redire : les dessins sont superbes et rendent parfaitement l’ambiance oppressante et réaliste de la New York de 1911. Cet aspect visuel, très soigné, apporte beaucoup à l’atmosphère du récit.

En somme, ce tome satisfera sans doute les amateurs de polars complexes et de reconstitutions historiques fouillées. Mais si vous recherchez un récit plus direct ou une intrigue au déroulé plus fluide, vous pourriez, comme moi, rester un peu en retrait. Cela reste cependant une œuvre ambitieuse, portée par un dessin de haut niveau, qui mérite le détour pour qui aime s’immerger dans les ambiances travaillées et les histoires au long cours.Ce tome explore la folie, l’aliénation, la corruption, le poids du passé et les illusions du rêve américain. À lire pour les amateurs de polar noir, de BD historiques et de BD où la psychologie l’emporte sur la simple action.