FIFTY-FIFTY DE STEVE CAVANAGH
L’ART DU DOUBLE JEU
Lorsque deux sœurs appellent la police depuis la même maison, chacune accusant l’autre d’avoir assassiné leur père, le doute s’installe dès les premières pages. Dans Fifty-Fifty, Steve Cavanagh nous met face à une énigme judiciaire glaçante : la vérité est-elle ce qu’elle semble être ? Avocat charismatique, deux accusées, un procès unique : c’est un thriller juridique à rebondissements où les repères moraux s’effritent. Préparez-vous à remettre en question vos convictions jusqu’au verdict final.
Chronique Roman : Fifty-Fifty • Steve Cavanagh
Tout commence par deux appels au 911, passés à quelques secondes d’intervalle. Deux voix féminines, deux versions opposées du même cauchemar : chacune accuse l’autre d’avoir tué leur père, Frank Avellino, ancien maire de New York. Dès ces premières lignes, Steve Cavanagh installe le doute, la tension et un vertige psychologique : qui ment ? qui manipule ?
Les deux accusées, Alexandra et Sofia Avellino, sont sœurs — mais tout les sépare. Alexandra, l’aînée, incarne la réussite sociale : brillante, élégante, toujours dans le contrôle. Son assurance semble pourtant dissimuler une peur viscérale : celle de perdre l’image parfaite qu’elle s’est forgée. Derrière son sourire poli se devine une colère froide, peut-être même du mépris pour sa sœur cadette.
Sofia, elle, vit en marge. Abîmée par les excès, impulsive, rongée par un sentiment d’abandon, elle a grandi dans l’ombre de sa sœur sans jamais trouver sa place. Son agressivité n’est qu’une armure contre le rejet qu’elle ressent depuis l’enfance. Aux yeux de tous, elle fait une coupable idéale, et elle le sait.
En face, Alexandra est défendue par Kate Brooks, jeune avocate ambitieuse qui voit dans cette affaire l’opportunité de faire ses preuves. Très vite, pourtant, la perfection d’Alexandra intrigue : sous son calme maîtrisé, quelque chose sonne faux. Entre confiance et doute, l’équilibre devient fragile.
Deux sœurs, un seul jury, un seul verdict. Cavanagh joue avec la tension comme une partie d’échecs. Au fil des audiences, Eddie Flynn se laisse gagner par une angoisse : et si la vérité n’existait plus ? Il devine chez chacune des sœurs une intelligence du mensonge presque fascinante. L’une feint la fragilité, l’autre la raison. Quand le doute s’immisce même dans les certitudes du héros : défendre la justice ne suffit plus, il faut percer le masque de la folie.
Avis Roman : Fifty-Fifty • Steve Cavanagh
L’auteur maîtrise l’art de brouiller les pistes et de mélanger les indices pour nous perdre entre les deux sœurs. À chaque chapitre, on croit tenir la vérité… avant qu’elle ne nous glisse entre les doigts. Qui a fait le coup ? Le doute est présent du début à la fin, même si nous avons sous les yeux des indices disséminés au fil de l'histoire.
Ce roman est d’une précision chirurgicale en matière de droit : décisions juridiques, code pénal, verdict, condamnation, tout est solidement documenté. Cavanagh, fort de son expérience d’avocat, donne une authenticité rare à son intrigue. Derrière les procédures, il aborde aussi des thèmes sensibles - la maltraitance, les cicatrices du passé, et la manière dont la douleur façonne la perception du vrai et du faux. Steve Cavanagh nous rappelle que la loi n’est pas une équation simple, que l’émotion, le passé et les apparences pèsent autant que les preuves.
J’ai été happée dès les premières pages : cette dualité des deux sœurs, chacune accusant l’autre, installe un climat où l'on ne peut faire confiance à personne. C'est la première fois que je lit cet auteur. Le style est fluide, maîtrisé, et son expérience de juriste apporte une authenticité au procès et aux stratégies d’avocat.
Les personnages sont très bien dessinés Eddie Flynn, avec son humour noir et sa quête éthique, est attachant ; Alexandra, lisse en façade mais torturée à l’intérieur, suscite une réelle ambivalence ; Sofia, rebelle mais blessée, fait naître à la fois empathie et méfiance.
Ce qui m’a particulièrement plu : le suspense constant - je n’ai jamais été sûre de qui avait commis le crime. Chaque indice pouvait être un leurre. Le procès, dans sa seconde moitié, est magnifiquement rendu: tension, stratégie, retournements… tout s’enchaîne avec brio.
Fifty-Fifty est un thriller juridique intelligent, bien rythmé et psychologiquement riche. Si vous aimez les histoires où la vérité est un labyrinthe plutôt qu’une ligne droite, ce roman ne vous laissera pas indifférente. La révélation finale, brutale et implacable, redéfinit tout ce que l’on croyait savoir. Cavanagh pousse à regarder la vérité en face - une vérité qu’il avait peut-être refusé de voir depuis le début. J’avais imaginé un tout autre coup final, mais celui de Cavanagh signe un échec et mat implacable pour ce nouveau chapitre d’Eddie Flynn.
Extraits Roman : Fifty-Fifty • Steve Cavanagh
Concernant la plupart des meurtriers que j'ai croisés jusqu'à ce jour, j'ai toujours pu trouver une explication à leurs agissements. Quelque chose dans leur passé ou leur psychologie était la clé de leur logique et de leur comportement criminel. J'avais toujours réussi à trouver une cause rationnelle à tout. Mais, cette fois-ci, il n'y avait pas de raison évidente. Pas de clé. Cette fois-ci, je ne parvenais pas à trouver d'explication pro-bante. Pas vraiment. Il y avait quelque chose de sombre au cœur de cette affaire.
Kate retourna aux pages posées devant elle : un résumé de l’histoire de la famille Avellino avec un accent particulier porté sur les deux sœurs. Plus Kate avançait dans sa lecture, plus sa conviction se renforçait qu’Alexandra était la sœur rationnelle et organisée, celle qui avait su orchestrer sa vie depuis son plus jeune âge. Tandis que Sofia était un véritable désastre, avec ses crises de toxicomanie, ses cures de désintox, ses séances de thérapie, sans compter diverses interventions des secours à la suite de comportements autodestructeurs. Kate se sentait rassurée de savoir qu’elle représentait celle des deux sœurs qui était assurément innocente, mais cette prise de conscience pesait aussi de tout son poids.
Tuer Hal avait requis un timing à la seconde près. Elle n’avait disposé que d’une fenêtre de quatre secondes, mais celle-ci s’était avérée plus que suffisante. Elle avait quitté le tribunal, pris un taxi jusqu’au garage et enfilé ses vêtements de cuir. Puis elle était partie attendre devant les bureaux de Hal jusqu’à ce qu’il descende pour aller à son rendez-vous. Elle avait, au préalable, passé un appel anonyme afin de s’assurer qu’il était toujours au travail. Elle l’avait vu partir à pied et l’avait suivi tout le long du chemin jusqu’à Hogan Place. Là, elle avait décidé que Center Street serait l’endroit parfait pour en finir avec lui.
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