Livre Audio : Sa préférée • Sarah Jollien-Fardel

Livre Audio : Sa préférée • Sarah Jollien-Fardel

LIVRE AUDIO : SA PRÉFÉRÉE • SARAH JOLLIEN-FARDEL


Voici ma 6e lecture dans le cadre du Jury du Prix Audiolib 2023 : un type de roman que je n'ai pas l'habitude de lire. Nous sommes loin de mon univers de prédilection, moi qui aime les policiers et les thrillers. Mais il est intéressant de découvrir d'autres univers tout aussi sombres et d'explorer les méandres de la noirceur humaine. Je vous propose de découvrir le premier roman de Sarah Jollien-Fardel : Sa préférée, lu par Lola Naymark pour Audiolib


Qui n’a trouvé de ciel ici-bas
N’en trouvera pas là-haut
Où que nous allions
Les anges ont loué la maison voisine
Emily Dickinson

Résumé : Dans ce village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait, et personne ne dit rien. Jeanne, la narratrice, apprend tôt à esquiver la brutalité perverse de son père. Si sa mère et sa soeur se résignent aux coups et à la déferlante des mots orduriers, elle lui tient tête. Un jour, pour une réponse péremptoire prononcée avec l'assurance de ses huit ans, il la tabasse. Convaincue que le médecin du village, appelé à son chevet, va mettre fin au cauchemar, elle est sidérée par son silence. Dès lors, la haine de son père et le dégoût face à tant de lâcheté vont servir de viatique à Jeanne. A l'Ecole normale d'instituteurs de Sion, elle vit cinq années de répit. Mais le suicide de sa soeur agit comme une insoutenable réplique de la violence fondatrice. Réfugiée à Lausanne, la jeune femme, que le moindre bruit fait toujours sursauter, trouve enfin une forme d'apaisement. Le plaisir de nager dans le lac Léman est le seul qu'elle s'accorde. Habitée par sa rage d'oublier et de vivre, elle se laisse pourtant approcher par un cercle d'êtres bienveillants que sa sauvagerie n'effraie pas, s'essayant même à une vie amoureuse. 





Sa préférée • Sarah Jollien-Fardel - L'histoire



Jeanne a toujours vu la faiblesse de la mère, l'innocence de sa sœur ainée, la stupidité et la cruauté de son père. Les cris, la peur, la vulgarité, les claques sur le visage de sa sœur ou de sa mère. Même petite, elle comprenait sans savoir, que quelque chose n'allait pas dans sa famille. Derrière les mots, la haine, la misère, la honte, il y avait aussi et surtout la peur.

Avec elle, son père ne fraichit pas certaines limites. Il ne gifle pas, ne tire pas les cheveux, ne la secoue pas. Jeanne ne lui avait jamais laissé entrevoir mon mépris ni sa haine, mais elle était en permanence obsédée par lui. Ce père qui faisait le chaud et le froid à la maison, et qui passait son temps à terroriser femme et enfants, montrer sa bestialité. 

Pour devenir maîtresse d’école, elle fut placée en internat. Elle a vécu ses 5 années d'internat égoïstement laissant sa mère et sa sœur avec cette brute. Elle fut soulagée par cette trêve, mais elle n'en restait pas moins un purgatoire. En effet, elle ne connaissait ni répit, ni sérénité après 15 ans à vivre dans une terreur quotidienne.

Loin de sa famille et de son tirant de père elle à découvert la coquetterie, elle qui n’avait jamais cherché à plaire, ni même pensé à la séduction, jamais désiré autre chose que fuir son père. Pour survivre, et se protéger des dégâts paternels, elle a fuit loin loin, laissait lâchement sa mère seule avec lui. Elle a été aussi lâche que tous ceux qui ont fermé les yeux aux fils des années devant le malheur de cette famille. 

Elle avait du mal à admettre de ne pas avoir réussi à sauver sa mère des mains de son monstre de père. Malgré ses efforts sa mère était restée obstinée, campée sur ses idées pieds et poings liés, et prête à rester aux côtés de son mari. Jeanne haïssait son rôle de victime, et lui en voulait de ne pas avoir fui pour les protéger, elle et sa soeur. 

À cause du poids de ses années d'enfance, Jeanne était gauche, incapable de rapports normaux, inadaptée sociale. Incapable de passer à autre chose et se remémorant continuellement le dégoût, la haine pour son père ignoble qui a bousillé sa vie par la terreur infligée. 

Loin de tout et des siens, elle découvre enfin l’amour sans chichi, les gestes tendres, les sentiments spontanés et la libération des corps avec des femmes. Est-ce une façon de se cacher des hommes, qui lui rappelle inévitablement  le souvenir de son père. Une façon de se protéger pour enfin se relever et survivre, enfin prête à vivre. Son homosexualité était un choix de douleur, celui du rejet affectif de ceux dont elle aurait voulu simplement être aimée.

Elle va avoir beaucoup de mal à avancer et se créer les bases de son bonheur, car elle avance seule sans aucun modèle, en totale inconnue. 



Livre Audio : Sa préférée • Sarah Jollien-Fardel - Mon avis



L’abject et l’obscénité m’étouffent. J’ai mal pour elle, je le hais, lui. Plus encore. Et ma mère, muette, sourde et aveugle, la sainteté dont je la parais et que je vénérais, ma famille plus miséreuse que ce que je pensais. Je voudrais la consoler de sa peine. J’en suis incapable. Sa préférée.

Qu’est-ce qui est pire ? Être un salopard ignare ou un homme subtil, mais suffisamment lâche pour ne pas voir qu’une gamine de huit ans a été rossée ?


Il faudrait une décennie pour que je ne voûte plus mes épaules, n’enfonce pas mon cou au moindre grincement d’un meuble ou un pas sur un plancher. Une vie entière ne suffirait pas à soigner mon ventre détraqué et mon estomac douloureux. 

Je sais que c’est mal. Mais j’étais sa préférée… L’abject et l’obscénité m’étouffent. J’ai mal pour elle, je le hais, lui. Plus encore. Et ma mère, muette, sourde et aveugle, la sainteté dont je la parais et que je vénérais, ma famille plus miséreuse que ce que je pensais. Je voudrais la consoler de sa peine. J’en suis incapable. Sa préférée


Livre Audio : Sa préférée • Sarah Jollien-Fardel

Voici une histoire percutante et poignante. Comment imaginer jusqu'où peut aller le sadisme d'un homme, ses ruses diaboliques, la violence au quotidien envers ses membres de sa famille. Imaginer le rôle que cet homme a eu dans la destruction de ses enfants, avec un impossible pardon, et une incapacité à avancer. 
Comment effacer la peur et la rage de son enfance même des années plus tard ?

Retrouvez dans le roman Sa préférée de Sarah Jollien-Fardel, l'enfance terrifiante et difficile qu'a vécue Jeanne, bien qu'elle fût la plus épargnée par sa brute de père. Un roman rempli de haine, de rancœur et de colère face à cette injustice et à la lâcheté de tout un village au courant des abus infligés au sein de leur foyer.

Un roman qui traduit à merveille les ravages de la violence au sein d'une famille, les abus et les incidences sur la vie des enfants. Les phrases sont courtes, précises. On ressent la puissance des mots et la violence continue à travers les lignes. 

Cette histoire dure, poignante peut être choquante, mais met en avant la maltraitance et la violence. Un sujet dur, mais avec des mots juste et précis. Rappelons que 110 femmes ont été tuées sous les coups de leur compagnon ou de leur ex-compagnon en France en 2022.

La voie de Lola Naymark rend le roman puissant, plein d'intensité. Elle arrive à merveille à retransmettre les émotions de Jeanne, la colère, la haine, le dégoût et la souffrance. Un premier roman remarquable. 

Bonne lecture. 




8 commentaires:

  1. Et bien tu vois, si toi ça te sort de ta zone moi c'est bien la mienne. C'est tout à fait mon genre de lecture

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  2. J'aime beaucoup le voix de Lola Naymark mais je ne sais pas si j'écouterai ce roman. Peut-être que je le lirai, cela dit.

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  3. Oh pourquoi pas !

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  4. Je ne suis pas sûre que ce soit pour moi, mais même si je tente, ce sera pas en audio 😉

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  5. comme toi ce n'est pas du tout ce que je lis de base alors le tester en audio non je passe mon tour désolée

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  6. Merci pour ton avis sur un sujet poignant mais cette fois ci je passe mon tour

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  7. Hummm j'ai l'impression qu'il pourrait me plaire car c'est le genre de sujet qui m'intéresse.

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  8. Bonsoir, j'ai choisi ce roman par hasard et je n'ai pas été déçue. Et pourtant l'histoire n'est pas d'une originalité folle mais c'est très bien écrit et c'est un premier roman. Il a bien mérité son prix du roman Fnac. Bonne soirée.

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