Roman : L'instant d'après • Gillian McAllister

Chronique Roman : L'instant d'après • Gillian McAllister

L’INSTANT D’APRÈS :
ENTRE CULPABILITÉ ET REMORDS


Un thriller psychologique construit comme un dilemme

Et si une seule décision pouvait changer le cours de toute votre vie ? C’est la question que pose Gillian McAllister dans L’Instant d’après, un roman où l’héroïne se retrouve face à un choix impossible : avouer ou se taire.


Chronique :  L'instant d'après • Gillian McAllister


Joanna rentre seule chez elle après une soirée dans un bar. Là, elle a été harcelée par un homme, Sadiq, dont l’attitude lourde et insistante l’a profondément mise mal à l’aise. Lorsqu’elle remarque qu’il la suit dans la nuit, le long d’un canal désert, la panique s’empare d’elle. Prise de terreur, elle se retourne et le repousse violemment. L’homme chute dans les escaliers en béton et s’écroule au sol.

À cet instant, Joanna est saisie d’effroi. Sadiq gît immobile. Deux choix s’offrent à elle : appeler les secours et tout avouer, ou fuir et tenter de continuer sa vie comme si de rien n’était.

C’est là que réside l’originalité du roman : l’autrice nous propose les deux trajectoires possibles de Joanna.

Dans la première, elle choisit de se taire. Elle fuit, garde le silence, et se retrouve piégée dans une spirale de mensonges et de paranoïa. Chaque bruit de sirène la fait sursauter, elle vit dans l’angoisse permanente que la vérité éclate, au point de ne plus pouvoir se reconnaître elle-même.

Dans la seconde, elle décide d’avouer. Elle appelle à l’aide et affronte la machine judiciaire : la garde à vue, les interrogatoires, la cellule insalubre, les humiliations. Elle se sent déshumanisée, et son couple est mis à rude épreuve.

Dans les deux cas, Joanna est hantée par ses actes. La culpabilité, les regrets et l’angoisse permanente deviennent son quotidien.


Chronique Roman : L'instant d'après • Gillian McAllister


Mon avis :  L'instant d'après • Gillian McAllister


Ce roman est intense. Gillian McAllister réussit à nous plonger dans l’esprit de Joanna, à ressentir ses émotions contradictoires : la peur, la honte, le sentiment d’être une criminelle malgré le contexte, et cette culpabilité insupportable qui la dévore.

Le stress permanent est palpable : Joanna est persuadée que la police viendra la chercher d’un moment à l’autre. Elle fait des cauchemars, sursaute à chaque bruit, vit dans la paranoïa. Mais doit-elle en parler à son mari Reuben ? Peut-elle lui imposer ce fardeau, l’obliger à porter avec elle le poids d’un crime et d’un secret ?

L’autrice aborde aussi les thématiques suivantes :

Le sexisme et le harcèlement sexuel, déclencheurs de toute l’histoire.
Le mensonge qui devient une seconde peau, creusant un fossé entre Joanna et Reuben.
La culpabilité atroce et les regrets qui ne s’effacent jamais.
La distance dans le couple, qu’il s’agisse du mensonge (dans la fuite) ou du meurtre (dans l’aveu).

Joanna rêve d’une réalité où tout cela ne serait jamais arrivé, mais son remords est indélébile. Même lorsqu’elle est libre, elle n’est jamais libérée de son passé. 
Une phrase résume bien son état d’esprit : “Toute ma vie, j’ai eu tellement peur de ce que tout le monde pensait de moi et de ma vie ratée ; et pourtant, quand j’ai vraiment touché le fond, j’ai réalisé la vérité : personne n’en a grand-chose à faire, à part vous-même.”

L’Instant d’après
est un thriller psychologique qui nous oblige à réfléchir à nos propres réactions face à la peur et aux conséquences de nos décisions. La tension est constante, la construction brillante, et la psychologie de l'héroïne admirablement fouillée. Je suis cependant mitigée sur ce roman : j'ai vraiment apprécié la richesse de l'intrigue et la profondeur psychologique, mais j'aurais aimé une fin plus marquante.




Extraits :  L'instant d'après • Gillian McAllister


Que fait-on quand on se croit suivie par quelqu'un le long d'une section de canal déserte ? Quand on risque de devenir une statistique, un fait divers tragique ? Rien. C'est la réponse. On continue à avancer. On croise les doigts. Je n'aurais jamais pensé n'arriver un jour.

J'ai l'impression que mes intestins veulent s'ouvrir, et tout au creux de mon estomac, je sens la peur commencer à bourdonner tel un essaim de frelons. Oh, là, là. Qu'est-ce que j'ai fait? Il y a une minute, j'avais peur pour ma vie, et maintenant j'ai peur pour la sienne."

Ils sont exponentiels, mes mensonges. Ils ont commencé par une simple inspiration, la profonde inspiration que j'ai prise avant de m'en aller. Et avec l'expiration qui a suivi, ils se sont éparpillés comme des aigrettes de pissenlit par cette nuit de décembre. Je pensais qu'il ferait trop froid pour qu'ils prennent racine, mais nous voilà presque arrivés au printemps, et ils fleurissent partout.




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