Roman : Mouton Noir au Mont-Saint-Michel • Hugo Buan

ENQUÊTE ET MYSTÈRES : MOUTON NOIR
AU MONT-SAINT-MICHEL

Avec Mouton Noir au Mont-Saint-Michel, Hugo Buan propose une nouvelle enquête menée par son commissaire fétiche, Lucien Workan. Entre meurtres mystérieux, légendes anciennes et humour, ce polar entraîne le lecteur dans les dédales du Mont-Saint-Michel, lieu mythique chargé d’histoire et de mystère.

Chronique : Mouton Noir au Mont-Saint-Michel • Hugo Buan

Tout commence avec la mort suspecte de Géraud de Courtillais, chapelain retrouvé sans vie au Mont-Saint-Michel. Rapidement, l’autopsie écarte l’hypothèse d’un accident : l’homme s’est défendu avant de tomber, il s’agit bien d’un meurtre. Le commissaire Lucien Workan est envoyé sur place pour enquêter, entouré de sa fine équipe et de ses sarcasmes habituels.

Très vite, l’affaire prend une tournure inattendue. Le religieux s’intéressait de près à une mystérieuse pierre gravée de l’effigie de Mithra, dieu antique des mystères, dissimulée quelque part dans les souterrains du Mont. Mais il n’était pas le seul : d’autres passionnés d’archéologie, des malfrats semblent convoiter cette relique, supposée cacher le plan d’un trésor datant de la Révolution française.

Deux nouvelles victimes s’ajoutent bientôt au dossier, renforçant l’hypothèse d’une compétition meurtrière autour de cette pierre. Entre légendes romaines, reliques révolutionnaires et cupidité bien contemporaine, Workan devra démêler les fils d’une enquête où les mystères s’empilent, le tout avec son humour piquant et son sens inné de la provocation.

Avis : Mouton Noir au Mont-Saint-Michel • Hugo Buan

Ce roman possède de nombreux atouts : une intrigue originale, un décor emblématique et un commissaire qui ne laisse personne indifférent. L’humour, souvent comparé à celui de Michel Audiard, est bien présent et apporte une touche originale au récit. Toutefois, à mon goût, il prend parfois trop de place et désamorce certaines scènes qui auraient mérité davantage de gravité.

C’était ma première rencontre avec le commissaire Workan, personnage récurrent et culte des romans d’Hugo Buan. Peut-être que ne pas connaître son univers auparavant m’a empêchée d’en apprécier pleinement les subtilités. Je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages ni à me plonger complètement dans l’intrigue, malgré l’attrait du Mont-Saint-Michel comme toile de fond.

En somme, une lecture en demi-teinte pour moi, mais qui séduira sûrement les amateurs de polars historiques teintés d’humour grinçant et ceux déjà familiers de l’univers de l’auteur.

Extraits : Mouton Noir au Mont-Saint-Michel • Hugo Buan

Maintenant, je vais vous dire pourquoi nous sommes ici. Il y a une pierre gravée ou sculptée dans les murs du Mont Saint-Michel avec l’effigie de la scène de tauroctonie par Mithra. Quelle est sa taille ? Je l’ignore. Je pense à une pierre classique de maçonnerie d’environ quarante à cinquante centimètres de longueur. Dans quels dédales ou souterrains se trouve-t-elle ? Telle est l’énigme. Mithra n’est-il pas justement le dieu des mystères ? Géraud de Courtillais doit ou devait emmener Venceslas à son emplacement, et après, à nous de jouer.

Dites-moi, mon adjudant-chef, questionna Workan, tout à l’heure vous fusionniez avec le Mont Saint-Michel comme si vous y étiez employés : « Nous démontons les caméras, nous remplaçons », et cetera… Est-ce que vous changez aussi les ampoules de chez la mère Poulard ?

Vous voulez m’apprendre mon boulot ? Tout ce que vous venez de me débiter, à ma plus grande honte, devant un représentant de la gendarmerie, j’ai l’intention de le mener à bien sans vos suggestions primaires destinées à la première année, au premier mois, au premier jour, d’une carrière de gardien de la paix… Ne me redites jamais ce que je dois faire.

Mithra… Le dieu Mithra ? — Le dieu ? — Bien sûr, Mithra, le dieu des mystères adepte de la tauroctonie en transperçant le cœur du taureau. Géraud a beaucoup travaillé sur ce culte. Une religion concurrente que le christianisme a réussi à supplanter. Il pensait que ce culte était arrivé au Mont Saint-Michel avec les légions romaines, mais il s’est heurté à un gros problème : le culte de Mithra a disparu vers le IVe siècle alors que l’évêque Aubert a fondé le Mont Saint-Michel au VIIIe siècle. Donc pas de Mithra au Mont.

Vous êtes un défaitiste ! D’abord vous ne voulez pas retourner le corps parce que vous avez la trouille de vous faire engueuler par le légiste, ensuite vous vous dessaisissez de l’enquête avant même que la procureure n’ait pris sa décision… Si ce n’est pas un gendarme pusillanime que j’ai devant moi, qu’est-ce que c’est ? Tiens, en parlant de la procureure, ce n’est pas elle, là-bas, qui traverse la passerelle au-dessus du barrage ? Une telle allure d’amazone marchant au pas de l’oie ne peut être qu’Hilda Gudrun… Vue de loin, elle fout déjà les j’tons.