Roman : L'affaire de l'Exposition Universelle • Eric Larrey

Chronique Roman : L'affaire de l'Exposition Universelle • Eric Larrey

L’AFFAIRE DE L’EXPOSITION UNIVERSELLE
ÉRIC LARREY FAIT VIBRER LE LYON DE 1895 


Avec L’Affaire de l’Exposition Universelle, Éric Larrey entraîne à nouveau ses lecteurs dans une enquête aux côtés du célèbre Sherlock Holmes et de son acolyte Edmond Luciole, au cœur du Lyon de 1895. Entre mystères diplomatiques, disparitions inexpliquées et tensions religieuses, ce roman policier plonge dans une atmosphère fin de siècle, où l’intelligence rivalise avec le danger. Sans rien dévoiler, on peut dire que ce nouvel opus conjugue intrigue, érudition et finesse psychologique.



Chronique Roman : L'affaire de l'Exposition Universelle • Eric Larrey


Lyon, décembre 1872. Tandis que la ville s’apprête à accueillir la future Exposition Universelle, une étrange disparition secoue le consulat britannique. Sir James Seymour, commissaire spécial venu d’Angleterre, s’évapore mystérieusement avec son secrétaire Goodwin, au cours d’un court trajet en voiture entre le consulat et le parc de la Tête d’Or. Le cocher jure ne pas s’être arrêté, mais la voiture arrive vide… ou presque. En fouillant le fiacre, Sherlock Holmes et Edmond Luciole découvrent le corps de Goodwin, poignardé, tandis que Seymour, lui, s’est volatilisé.

Cette disparition inexplicable devient rapidement une affaire d’État. Le vice-consul Charles Sydenham Haden, inquiet de l’incompétence du commissaire Janvier (grand rival de Luciole), confie l’enquête à notre duo d’enquêteurs. Très vite, les deux hommes comprennent que ce crime dépasse le simple cadre d’un enlèvement : l’affaire touche aux plus hautes sphères diplomatiques et pourrait bien menacer la paix fragile entre nations à l’aube du XXe siècle.

En parallèle, un autre drame survient : Pierre Bossan, architecte visionnaire chargé de construire la future basilique lyonnaise, disparaît avec tous les plans du chantier. Une perte inestimable pour la ville et pour l’Église, d’autant que d’importantes sommes d’argent sont en jeu. Sous la demande pressante de l’abbé Martin, Holmes et Luciole acceptent de suivre les deux dossiers. Et si ces deux affaires, en apparence distinctes, étaient secrètement liées ?

Aux côtés de Clarisse, la brillante sœur de Charlotte (la fiancée de Luciole), les détectives plongent dans un labyrinthe d’intrigues où se mêlent espionnage, secrets religieux et ambitions politiques. Clarisse, l’une des rares femmes bachelières de son époque, impose sa présence avec courage et intelligence. Sa soif d’émancipation et son désir d’égalité en font une figure moderne, d’autant qu’elle doit faire face à la condescendance masculine et même à des menaces inquiétantes.

Sherlock Holmes
, garde sa froide lucidité et son goût du détail. On croise aussi Mycroft Holmes, frère du détective, dont la relation complexe avec Sherlock apporte une touche d’émotion inattendue à cette aventure.

L’Affaire de l’Exposition Universelle déroule une intrigue dense, rythmée et solidement ancrée dans le contexte historique de la fin du XIXe siècle.


Chronique Roman : L'affaire de l'Exposition Universelle • Eric Larrey


Avis : L'affaire de l'Exposition Universelle • Eric Larrey


Après avoir adoré les trois premiers opus d’Éric Larrey, je dois avouer que L’Affaire de l’Exposition Universelle m’a un peu moins convaincue. J’ai eu du mal à me plonger totalement dans l’histoire qui, malgré un cadre historique riche et un concept intéressant, peine parfois à prendre vie.

Dans cette nouvelle enquête, Sherlock Holmes m’a semblé plus effacé qu’à l’accoutumée, laissant la place à Clarisse, personnage intelligent et audacieux, mais dont la présence tend à éclipser le célèbre détective. Si cette mise en avant féminine apporte une touche de modernité et reflète l’évolution de la société à la fin du XIXᵉ siècle, elle déséquilibre légèrement la dynamique du duo Holmes–Luciole que j’aimais tant dans les précédents volumes.

J’ai cependant apprécié la manière dont Éric Larrey aborde la condition féminine : Edmond Luciole se lance dans l’enseignement de la boxe et de la self-défense pour les femmes, une initiative avant-gardiste qui souligne le combat pour leur autonomie et leur sécurité. Le roman évoque également avec justesse la montée des femmes dans le monde du travail, la dénonciation du sexisme, du harcèlement patriarcal et la lente conquête de l’égalité. Ces thèmes confèrent une vraie profondeur sociale au récit.

Autre élément marquant : la rencontre avec Mycroft Holmes, le frère de Sherlock. J’ai beaucoup aimé découvrir cet homme si différent, presque l’opposé du détective, et comprendre peu à peu la complexité de leur relation fraternelle.

En revanche, les observations et analyses de Sherlock m’ont paru plus percutantes dans les autres opus. Ici, elles manquent parfois de vivacité et de relief, comme si le génie du détective se trouvait en retrait - peut-être en raison des troubles liés à sa dépendance. Clarisse, très présente, déjoue les stratagèmes avec finesse et assurance.

Malgré ces réserves, cette quatrième enquête de Sherlock Holmes et Edmond Luciole s’inscrit dans la belle continuité historique et locale chère à l’auteur. Le cadre lyonnais, les enjeux diplomatiques et religieux, ainsi que la plume élégante d’Éric Larrey, conservent ce charme singulier qui fait tout l’attrait de la série.

A la fin du roman "L'affaire du Musée" l'auteur nous avait donné un indice sur le titre de ce roman en nous indiquant que le nom de son 4e roman serait : « L’affaire de l’e... ». J'avais tenter ma chance avec «L’affaire de l’escroquerie» ou «L’affaire de l’émeraude»... Perdu pour moi ;)



Extraits : L'affaire de l'Exposition Universelle



« L’affaire des guérisseurs » aura donc eu de funestes effets sur Sherlock, comme l’avait d’ailleurs craint ma belle-sœur Clarisse, qui en avait partagé avec lui les instants les plus sombres. Cette révélation fut un choc pour moi. Comment un homme tel que lui pouvait se laisser aller à de si viles pratiques ? Comment pouvait-il risquer de gâcher ses inestimables talents ? Quelle chance qu’il fût secondé par un ami fidèle, attentif et médecin de surcroît !

J’ai sondé l’autre banquette et fini par découvrir un petit mécanisme qui permet à l’assise, tout comme au basflanc, de s’ouvrir. Un mécanisme similaire, habilement camouflé, permet de faire de même sur la banquette arrière. L’espace ainsi découvert permet facilement à trois, voire quatre personnes, de se cacher dans le volume de la structure… Il est donc possible que notre ou nos ravisseurs aient été présents dans la voiture dès le départ. Durant le trajet, ils seront apparus, menaçant sir Seymour et son secrétaire et les obligeant à se cacher sous les banquettes. - Et en arrivant ici, plus personne dans la voiture, du moins en apparence. Mais ensuite ?

Je crains que vous n’ayez une vision faussée de la réalité, mon cher Edmond. Primo, si Mycroft Holmes est bien un membre éminent du Foreign Office, ses préoccupations et ses activités sont bien plus proches des miennes que de celles d’Albert de Broglie, notre ambassadeur auprès de la Couronne. Secundo, et bien qu’il m’en coûte de vous l’avouer, son champ de compétences est bien plus large que le mien. Tertio, qualifier Mycroft de casanier relève de l’euphémisme. Sa présence ici donne la mesure de la gravité de la situation.

Résumons les faits. Monsieur Bossan obéit de longue date à une routine bien établie. Il travaille dans son bureau de l’archevêché et s’octroie quotidiennement une balade matinale, après avoir échangé quelques mots avec la gardienne. Au lendemain d’une dispute avec Monsieur Perrin, qui conduit ce dernier à prendre quelques jours de congés, son comportement change du tout au tout. Il est plus renfermé, ne s’adressant plus à la gardienne lorsqu’il quitte l’archevêché pour des sorties beaucoup plus longues. Cinq jours plus tard, il disparaît sans laisser ni trace ni message. Qui plus est, l’intégralité de ses notes et de ses plans se sont volatilisés.





 

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