MAX HEILBRONN FACE
A LA LEGENDE DE LA BUSE
Dans ce second volet, Jean-Baptiste Ferrero ramène son héros dans une atmosphère où l’humour, l’ironie et un parfum d’aventure planent à chaque page. Sang d’encre à St Malo c'est : un manoir mystérieux, une menace inattendue, un passé trouble qui rattrape son propriétaire et une rumeur de trésor qui va bouleverser son quotidien. Tout s’enclenche doucement, comme un mécanisme ancien qui se réveille peu à peu, pour dévoiler un roman entièrement placé sous le signe de la chasse au trésor, mais aussi des révélations liées à un butin vieux de plusieurs centaines d’années, dont les secrets n’attendaient qu’à ressurgir.
Chronique Roman : Sang d’encre à St Malo
Dans Sang d’encre à St Malo, Max Heilbronn - ancien légionnaire, ex-mercenaire vivant désormais sous une identité d’écrivain - profite d’une fortune dérobée à une bande de criminels (cf : Sang d'encre à Carnac). Avec Sarah, sa compagne, il mène une vie paisible dans le manoir de Kerivor. Ce calme éclate lorsque Jacques Kermabon, un individu massif, inquiétant et potentiellement sociopathe, débarque pour réclamer la maison. Selon lui, l’ancien propriétaire était un usurpateur et le manoir lui revient de droit. Mais Max décèle vite que la querelle d’héritage n’est qu’un prétexte : Kermabon croit à l’existence d’un trésor de pirate caché dans la demeure.
Max n’a rien d’un naïf. Malgré son désir d’une existence tranquille, son passé le rattrape : combats, missions violentes, trahisons. Sa psychologie repose sur un mélange de lucidité, de sang-froid militaire et d’un besoin presque inconscient d’adrénaline. Sarah, passionnée par la restauration d’objets d’art, représente la stabilité, l’intelligence méthodique et la capacité à canaliser Max. Elle accueille la quête du trésor avec enthousiasme, se lançant à fond dans la recherche d’indices, de mécanismes, de cadastres, et de documents oubliés.
Pour les aider Max requiert l’aide de ses anciens camarades :
• Javier Hermosilla, héritier madrilène devenu restaurateur chic.
• Christian Belcourt, alias Chris, brute joviale au grand cœur et fêtard invétéré.
• Héloïse, escroc mythomane attachante, devenue comme une sœur pour le groupe.
Tous connaissent Kermabon comme un trafiquant d’art violent, cruel, prêt à torturer et tuer. Et surtout obsédé par un trésor prétendument laissé par un ancêtre flibustier lié au célèbre pirate La Buse.
Avec l’aide de Théo, le neveu de Sarah, geek prodige incapable de s’intégrer socialement, Max découvre une pièce secrète dans la bibliothèque du manoir. Une cache hors du temps. Tout s’emballe alors : parchemin énigmatique, références au trésor de La Buse, indices mystérieux ressemblant à un rébus, rapprochements avec les roches sculptées de Rothéneuf, tensions croissantes et paranoïa autour du butin supposé.
L’équipe se lance finalement vers Saint-Malo, convaincue que si trésor il y a, c’est là qu’il se trouve. Mais l’histoire montre vite que les trésors rendent fou, trompent, manipulent... et que la vérité se perd souvent entre les faux indices et les légendes savamment entretenues.
Au bout du chemin, peut-être n’y avait-il rien. Peut-être La Buse a encore dupé le monde. Mais l’aventure, elle, reste grisante, plus douce et moins explosive que dans le premier tome.
Avis Roman : Sang d’encre à St Malo • Jean-Baptiste Ferrero
Intimidation - quête - humour - relations - tension latente - mythe de pirate : voici les piliers qui structurent ce tome 2.
Le talent de Jean-Baptiste Ferrero pour le langage fleuri et les touches d’humour est intact et fait le charme du récit. J’ai apprécié sa manière de faire parler Max, cette autodérision savoureuse et ce ton malicieusement brut. L’auteur maîtrise toujours ce style vivant et gouailleur qui met immédiatement dans l’ambiance.
Cependant, ce second tome manque réellement de la fougue du premier. Dans Sang d’encre à Carnac tout démarrait tambour battant : action, fusillades, tension permanente. Ici, la progression est plus lente. A 30%, l’intrigue tourne encore autour de la question de savoir si l’équipe doit ou non partir à la recherche du trésor. Le premier véritable "coup de self defense" survient tard, vers 50 %, puis l’apparition de la team au complet arrive encore plus loin, autour de 66 %. Cela crée un rythme qui s’étire et qui a du mal à prendre vie.
Max, désormais totalement transparent avec Sarah qui connaît enfin son passé de tueur professionnel, adopte une attitude plus mesurée que dans le premier opus, comme si cette vérité partagée l’amenait à canaliser ce côté explosif qu’il laissait autrefois davantage s’exprimer. On perd un peu l’esprit “gros bras - gros flingues - gros méchants” qui faisait tout le sel du premier. Ses amis, pourtant anciens mercenaires et tueurs professionnels, semblent presque trop sages ici.
Malgré cette retenue, l’enquête sur le trésor, l’atmosphère de pirate et les clins d’œil à La Buse fonctionnent très bien. L’aventure à un certain charme, mais j'espérais retrouver le coté dynamique du premier opus qui en avait fait un véritable coup de coeur.
• Retrouvez une autre histoire de chasse au trésor de la Buse, avec le roman Une île étrange de Florian Dennisson (roman ado)
Extraits : Sang d’encre à St Malo • Jean-Baptiste Ferrero
Tu as dit que tu le pensais dangereux ? — Tout le monde peut être dangereux s’il a des raisons de l’être. Et manifestement, ce monsieur a une putain de bonne raison. — Son histoire d’injustice à réparer ? — Non ! Ça, c’est du flan ! Ou alors c’est juste la cerise sur le gâteau. — Alors tu penses à quoi ? — Si je te dis : pirate, secret, vieille maison, inconnus trop curieux… Tu penses à quoi ? Sarah jaillit de son fauteuil comme un de ces jouets qui ont un ressort dans le cul [...] À compter de cet instant, je sus que je devrais laisser de côté mes projets littéraires pour assister Sarah dans la quête de ce qu’elle appelait, non sans une certaine emphase : le trésor de Kerivor. Mais on ferait les choses à ma façon, c’est-à-dire dans l’ordre et en regardant où l’on posait le pied.
Si un gars comme ça est venu t’emmerder, me dit-il avant de raccrocher, ce n’est certainement pas par nostalgie pour une vieille baraque où il n’a jamais vécu. Ça sent le pognon cette histoire. Ça sent fort le pognon et c’est ça qui rend ce gars dangereux. Appelle-moi si besoin est. Je ne serais pas contre un peu d’action.

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