Roman : Le côté obscur du poireau • Heckle Freux

HUMOUR NOIR ET DÉLIRE PARANO :
TOME 3 DE LA SAGA DU POIREAU 

Avec Le côté obscur du poireau, Heckle Freux signe un troisième tome aussi barré que brillant. Ici, la folie se pare d’élégance, l’absurde flirte avec le génie, et le crime devient presque un art du malentendu. Entre polar psychologique et comédie noire, ce roman pousse le lecteur dans les méandres d’un esprit tordu… mais diablement divertissant. Préparez-vous à une immersion dans la tête d’un "tueur" persuadé d’être une légende, et d’un avocat qui le croit presque.

Chronique Roman : Le côté obscur du poireau • Heckle Freux

Bienvenue dans l’univers de Sam le Fantôme, alias Bob le Démon, alias Bill le Kaiser, alias Lecailleseure, autant de pseudonymes que de personnalités. Autoproclamé parrain du crime et cerveau de génie, Sam est surtout… un schizophrène en roue libre, obsédé par son propre mythe et persuadé que le monde entier conspire pour lui donner raison.

Quand il n’est pas occupé à réécrire sa biographie imaginaire, Sam recrute depuis sa cellule une véritable équipe de bras cassés :
• Oscar le Crevard, pickpocket professionnel et looser de compétition,
• Angus Crack, adolescent hacker de génie (en théorie),
• Arsenic, empoisonneur d’animaux à ses heures perdues,
• et Anto le Barjot, colosse bodybuildé au QI musclé mais limité.

En quelques minutes, notre illuminé les enrôle comme s’il montait un gang de super-vilains. Dans sa tête, il prépare "une mission d’infiltration" pour "retrouver le magot". Dans la réalité, il se promène juste entre deux séances psychiatriques.

Face à lui, Alexandre Goupil, avocat ambitieux, pense avoir tiré le gros lot avec "le dossier du siècle". Ce qu’il ne sait pas encore, c’est qu’il vient d’embarquer dans un manège mental sans frein. D’abord exaspéré par le mutisme de son client, il finit par douter : et si ce silence cachait un cerveau brillant ?

Erreur fatale.
Plus Sam délire, plus Alexandre se convainc d’avoir affaire à un génie du crime. Au point de glisser, lui aussi, du côté obscur,  celui de l’absurde, du mensonge… et du poireau.

Car oui, ce roman est une comédie noire où le tueur le plus redouté du pays pourrait bien être juste un malade mental persuadé d’être un agent secret. Ses dialogues intérieurs sont un festival de malentendus et de raisonnements inversés. Chaque phrase devient un quiproquo, chaque geste une preuve de sa "supériorité intellectuelle"… du moins à ses yeux.

Entre deux crises d’ego et trois délires mystiques, Sam confond réalité et fiction, psychiatre et espion, avocat et complice. Le tout donne un roman à mi-chemin entre polar déjanté, satire du système judiciaire et comédie de fous, un univers où même l’avocat finit par douter.

Avis : Le côté obscur du poireau • Heckle Freux

Le côté obscur du poireau est une pépite d’humour noir. Heckle Freux y manie le décalage comme une arme, transformant un thriller en un véritable carnaval de fous. L’auteur joue avec les codes du polar pour en faire une satire de la mégalomanie, de la justice et de la bêtise humaine.

J’ai adoré le décalage constant entre ce que Sam croit être : un maître du crime, un stratège, un cerveau supérieur, et ce qu’il est vraiment : un malade psychotique paumé, totalement à côté de la plaque. Les dialogues et monologues intérieurs sont au top : il réinterprète tout à l’envers, persuadé d’avoir tout compris alors qu’il ne comprend rien.

L’humour repose sur l’absurde, le grotesque, et ces situations tellement invraisemblables qu’elles en deviennent géniales. Même Alexandre Goupil, son avocat, glisse peu à peu dans ce vortex comique : à force d’essayer de comprendre son client, il finit par croire qu’il est un génie incompris.

Entre délires psychiatriques et humour noir ravageur, ce tome 3 signe la fin de la saga et se dévore avec un sourire en coin. Ce n’est pas un thriller à suspense, mais une comédie carcérale où la folie règne en maître et où le lecteur rit de ces situations aussi absurdes que géniales. 

Extraits Roman : Le côté obscur du poireau • Heckle Freux

Il y a un peu plus de trois mois, une fusillade improbable et inexpliquée dans une brasserie de banlieue faisait zéro mort, avec zéro mobile, zéro indice, et quasiment zéro enquête. Le nom de ce faitdivers, L’Affaire du Poireau Vinaigrette, avait fait le tour de la presse écrite. Les poireaux du jour, éparpillés aux quatre coins du restaurant sous l’impact des balles, connurent alors une fugace et inattendue célébrité.

Mon client s’est fait choper en flagrant-délit de tentative de vol avec effraction. Il est par ailleurs soupçonné de meurtre au premier degré. Il a été arrêté il y a deux mois par le GIGN, et est parti directement à l’hôpital sous haute surveillance policière. Sur ses deux mois de convalescence, il a d’abord été soigné, un mois durant, pour des blessures par balle. Puis, quand il s’est avéré que tout était guéri, ils ont essayé de comprendre pourquoi il ne parlait pas. Les médecins l’ont gardé un second mois complet ! Pour rien. Il ne parlait pas, ne réagissait presque pas. Il mangeait, il dormait, il avait les yeux ouverts. Tous les examens étaient bons. Mais il ne parlait à personne. Il a fini par sortir de l’hôpital. Il est en détention provisoire maintenant. Rien n’a changé. Il semble observer, écouter et comprendre, enfin c’est ce qu’on imagine, mais je le répète, il ne dit toujours rien. Les médecins ont évoqué un probable trouble psychique et l’ont envoyé dans un établissement pénitentiaire adapté. Ça a suffi au magistrat pour ne pas le libérer.

Là où j’arrive en roi, je repars en légende. Je suis celui qu’on ne peut asservir. Je suis l’ordre, la vision, le cerveau. Je suis celui qui mène les armées à la victoire. Le grand Stratéguerre. Quand certains essayent de séduire, de convaincre, je me contente d’être. Il n’y a aucun doute sur la décision que vous devez prendre. Ma place est parmi les miens. Mais avant de trancher, il me faut plus d’explications sur un point précis : l’argent.