QUAND L’AMOUR DEVIENT PRISON
PASSE, PASSE, PASSERA
Chronique Roman • Passe, passe, passera • Maïa Hoti
Sophie, vendeuse en boulangerie, vit depuis des années dans une lente descente aux enfers. Autrefois pleine de vie, elle est aujourd’hui prisonnière de ses névroses, dont le syndrome de Noé : une compulsion à recueillir sans limite les animaux abandonnés. À ses côtés, Quentin, son compagnon depuis dix-sept ans, apprenti pâtissier en proie à l’alcool et aux drogues. Leur relation, autrefois fusionnelle et lumineuse, s’est transformée en un huis clos étouffant où se mêlent dépendance affective, rancunes, trahisons et violences sourdes.
Quentin, usé par la morosité du couple et par l’obsession grandissante de Sophie pour ses animaux, cherche refuge dans ses amitiés douteuses, notamment avec Rémi, un employé d’équarrissage qui joue un rôle trouble dans ses addictions et ses dérives. Rémi devient le pilier toxique qui l’entraîne encore plus bas, sous prétexte d’amitié.
Sophie, quant à elle, s’accroche à un semblant de vie à travers ses chiens et chats, refusant de voir son état psychologique se détériorer. Sa solitude est accentuée par le désamour de Quentin et par le poids d’une dépression qui la ronge. Elle s’accroche néanmoins à Thibault, un ami d’enfance devenu policier, qui reste un soutien discret malgré ses propres limites.
Entre tensions, jalousies, faux espoirs et illusions perdues, les personnages se débattent dans une spirale où chacun contribue à l’effondrement des autres. Le roman met en lumière l’effet boule de neige des choix, des silences et des blessures non soignées, jusqu’à une issue où il semble impossible de sortir indemne.
Avis Roman • Passe, passe, passera • Maïa Hoti
Passe, passe, passera est un roman qui dérange. Maïa Hoti y dresse le portrait d’un couple enfermé dans une relation de dix-sept ans qui n’a plus rien d’un refuge. On y passe de la jalousie aux tromperies, de l’alcool à la drogue, des rancunes aux provocations. Sophie tente de sauver Quentin de ses démons, mais lui s’enferme dans le déni, se retranche derrière ses addictions, incapable d’offrir autre chose que des miettes d’amour.
L’autrice capte avec justesse cette contradiction : s’aimer dans l’excès, jusqu’à l’épuisement, et préférer s’enfoncer à deux plutôt que d’avoir le courage de se quitter. L’amour, ici, n’est pas un abri mais un poison lent, qui détruit au lieu de réparer. C’est dur, cru, mais terriblement authentique. Un texte coup de poing qui met en lumière les ravages des dépendances affectives et des choix non assumés. Ce roman plus axé thriller psychologique, n’est pas un coup de cœur, mais marque par sa force brute et sa manière de mettre en lumière les relations toxiques et destructrices.
Retrouvez la chronique en ligne du roman "Silence en cours... Veuillez patienter" de Maïa Hoti
Extraits Roman • Passe, passe, passera • Maïa Hoti
Le vivre ensemble ne signifie pas s’effacer au profit de l’autre, c’est partager des envies communes et accueillir vos différences. Sophie a le droit d’évoluer sur un chemin différent, vous entendez ? Elle en a le droit, et vous aussi, à tout moment de votre vie.
Celle de cette époque lui manque : ses longs cheveux châtain doré et bouclés qu’il entortillait autour d’un index, ses jolis yeux étirés à la couleur aussi changeante que la Manche, et sa voix douce dont il buvait chaque parole. Aujourd’hui, l’uppercut des années ne l’a pas épargnée. Sa chevelure a rétréci de trente centimètres et sa texture croise une râpe à chaque lavage. Le pétillant de son regard a troqué les fines bulles contre celles des spécialités locales, grossières et confuses. Quant à ses paupières fatiguées, elles s’affaissent. Seul le grain de beauté au-dessus de son sourcil droit, est fidèle au modèle original.
Sophie a fait son choix : vivre tant bien que mal auprès de son grand amour, dans l’attente de jours meilleurs. Rapidement, elle s’est embourbée dans une dépression mélancolique. Des insomnies, une autodépréciation à l’impact sévère sur son bien-paraître, des retards fréquents à son travail, une lenteur de mouvements et de prises de décision… Lorsque son médecin de famille a décelé l’urgence de consulter un psychanalyste, elle s’est renfrognée, au désespoir de René. Sa fille sombrait, sans qu’il réussisse à la secouer. Bourru d’une pâle sagacité."
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