Roman : L'animateur est mort • Christophe GÉRO

Chronique roman : L'animateur est mort • Christophe GÉRO

CRIME À LA RADIO :
L'ANIMATEUR EST MORT


L'animateur est mort de Christophe GÉRO, paru chez Librinova, nous plonge dans un mystère au cœur d'une station de radio parisienne, où le meurtre d'une star des ondes dévoile des secrets sombres et des tensions inattendues parmi ses collègues.

Chronique : L'animateur est mort • Christophe GÉRO


Marc Lanain, star de la station de radio parisienne ShakerMusic, est retrouvé mort dans un des studios d’enregistrement. La scène du crime est aussi symbolique que macabre : le corps est penché en avant, les mains liées dans le dos, et un micro lui a été enfoncé profondément dans la gorge. Ce meurtre aussi brutal que théâtral lance une enquête délicate confiée à Axel Kipias, inspecteur pointilleux, méthodique et redouté de ses collègues pour ses exigences – mais également reconnu comme l’un des meilleurs limiers de la capitale.

Axel est rapidement rejoint par Théo Cordérac, son nouvel adjoint curieux et motivé, et par Marjorie Fardonnet, médecin légiste aussi méthodique que lui. Ensemble, ils plongent dans l’univers clos de ShakerMusic, où chaque animateur semble avoir quelque chose à cacher.

Les suspects ne manquent pas parmi les employés de la station :


• Clarisse Maric
, assistante dévouée et secrètement fascinée par Lanain 
• Maxime Estrel, animateur musclé, végétarien, viscéralement anti-flics, en conflit ouvert avec la victime 
• Jérôme "Zeus" Chiffon
, personnalité fade et autocentrée, persuadé d’être le centre du monde 
• Alban Marvelac
, snob prétentieux frustré de ne pas avoir pu remplacer Lanain sur une tranche horaire qu’il jugeait « prestigieuse » 
• Sans oublier
les techniciens, les informaticiens de l’ombre, et Catherine Tinxal, gardienne presque religieuse de l'esprit de la station.

La tension monte d’un cran quand un
deuxième corps est découvert. Cette fois, c’est Stéphane Istran, conseiller bancaire de Marc Lanain, retrouvé mort dans son bureau avec des cartes bancaires enfoncées dans la bouche. Même posture, même mise en scène morbide. Et un message laissé sur le paperboard : «La prochaine fois tu fermeras ta gueule» La signature d’un tueur en série ? Ou d’un esprit vengeur aux méthodes très ciblées ?

Plus les policiers avancent, plus l’enquête prend des allures de puzzle.
Les indices s’accumulent, mais forment un tableau trouble. Chaque personnage semble avoir quelque chose à cacher. Mais qu’est-ce qui relie exactement un animateur radio et un conseiller bancaire ? Un simple hasard ? Une vengeance calculée ? Ou les deux hommes ont-ils été les complices d’un même crime passé, que quelqu’un veut aujourd’hui faire payer au prix fort ?



Avis : L'animateur est mort • Christophe GÉRO



Ce premier roman propose une enquête accessible, plutôt simple dans son déroulement, mais bien construite. L’ambiance de la station de radio est bien rendue, et l’idée de placer l’intrigue dans cet univers donne une touche originale. On suit facilement le fil de l’histoire grâce à une alternance de scènes d’interrogatoires et d’explorations internes qui dynamisent le récit.

Les personnages, tous jeunes, portent déjà beaucoup de responsabilités mais semblent souvent fatigués, à fleur de peau, voire un peu agressifs dans leurs échanges, notamment avec les suspects. Les policiers, Axel et Théo, tutoient très vite, se parlent avec une familiarité étonnante malgré leur récente rencontre, et ne montrent qu’un respect très relatif pour la hiérarchie. Ce ton détaché, presque désabusé, donne un style particulier à l’ensemble. D’ailleurs, Axel, censé être le "meilleur limier de la capitale", semble plus pugnace qu'organisé, et parfois carrément blasé par son métier. Certaines de ses répliques, comme « Vous commencez sérieusement à me gonfler ! », ajoutent une note presque comique, voire satirique, à l’enquête.

L’auteur prend aussi le parti, à quelques moments, de s’adresser directement au lecteur, instaurant une connivence amusante et légère. Ce choix de ton rend la lecture agréable, même si le roman gagnerait à être un peu plus dynamique par moments.

Ce n’est pas un thriller haletant ni une enquête très complexe, mais pour un premier roman, c’est une lecture efficace, bien ficelée et agréable, avec des dialogues vivants et une trame solide. Le mystère reste entier jusqu’au bout, et les silences des personnages, leurs demi-vérités et leurs petites lâchetés nourrissent bien le suspense.

Un bon début prometteur pour Christophe GÉRO dans l’univers du polar français.



Extraits : L'animateur est mort • Christophe GÉRO


Marc Lanain, c’est donc une carrière solide, une femme, deux enfants, un divorce, [...], la femme de sa vie, le départ de la femme de sa vie, des copines, des copines. Bref. À part la radio, le néant absolu. Un néant remplacé par un autre néant en ce jour de septembre. Un néant définitif, celui-là. Vous me suivez ?

À partir de maintenant, et durant toute l’enquête, c’est moi qui décide quand les choses se passent ou ne se passent pas dans ce bâtiment. Alors, vous oubliez vos émissions, vous oubliez vos auditeurs. Il y a eu un meurtre. On n’est pas dans une fiction, messieurs. Et le jeune con, c’est mon adjoint ! Alors, vous allez me faire le plaisir d’employer un autre vocabulaire et un autre ton pour parler de lui, sinon je vous fais coffrer. Pigé ? Pour votre information, le bâtiment est bouclé. Les deux personnes qui décident de tout ce qui va se passer maintenant ici, c’est moi et lui. Personne d’autre. Animateurs ou pas, je m’en fous. Star ou pas star, je m’en fous. Vous êtes tous sur un pied d’égalité. Chacun d’entre vous est un assassin potentiel. Ne l’oubliez pas ! Alors, vos états d’âmes, je m’en tape. Est-ce que c’est monté jusqu’à vos cerveaux ou je dois réexpliquer, messieurs ?

Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Que mon mari était un connard prétentieux ? Oui, mon mari était un connard prétentieux. Il se prenait pour le centre du monde. Tout devait tourner autour de lui. Moi, je, moi, je... C’était toujours ça ! Il se prenait pour une star depuis qu’il travaillait dans cette radio de merde ! [...] En fait, mon mari a toujours voulu être ce qu’il n’était pas. Le meilleur animateur radio, le meilleur père, le meilleur mari, le meilleur amant. Le meilleur tout ! Le plus beau, le plus fort. Être en haut de l’affiche, c’était son seul but. Au final, mon mari était un mec commun, ordinaire, mesquin. Souvent vulgaire. Comme tous les mecs qu’on croise tous les jours un peu partout. Voilà ce que je peux vous dire, inspecteur. Ça vous convient ?




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