LES LIENS PARALLÈLES
L'OMBRE D'ABIGAÏL, LA PEUR DE GAÉLANE
Dans Les liens parallèles, Maiwenn Morvan tisse un thriller psychologique haletant au cœur duquel se mêlent disparition, culpabilité et mémoire. À travers le regard d'une professeure bouleversée par l'absence de deux élèves à huit ans d'intervalle, le roman explore la fragilité des certitudes et la violence des secrets enfouis. Un récit où les émotions s'entrechoquent, et où chaque réponse semble ouvrir une nouvelle brèche.
Chronique : Liens parallèles • Maiwenn Morvan
Agathe Elfort, professeure de français au lycée Camille Saint-Saëns à Rouen, est confrontée à la disparition de Gaélane, une élève brillante et solitaire. Très vite, l'affaire la bouleverse profondément, ravivant un souvenir douloureux : celui d'Abigaïl, une autre élève qu'elle a connue huit ans plus tôt à Paris, et qui avait elle aussi disparu dans des circonstances mystérieuses.
Lorsque Agathe reçoit anonymement une citation, identique à celle qu'Abigaïl lui avait offerte avant de s'évanouir dans la nature, elle comprend que les deux affaires sont liées. Le doute s'immisce : Abigaïl est-elle encore en vie ? Et si la disparition de Gaélane n'était pas un accident, mais un message adressé à elle personnellement ?
Déchirée entre sa conscience professionnelle et son instinct, Agathe entame sa propre enquête, aidée de Daniel Johansson, un collègue fidèle du passé, et de Léandre, policier et ami de confiance. Elle fouille ses souvenirs, ment à la police, cache des indices... persuadée qu'elle est au cœur de quelque chose de bien plus grand. Ce qu'elle découvre va l'amener à revisiter ses liens ambigus avec ses élèves, à affronter ses failles et à questionner les non-dits du passé.
Entre manipulations, menaces, secrets de famille, et une tension psychologique constante, Liens parallèles interroge les zones grises de la relation adulte-adolescent, et montre combien l'attachement peut parfois devenir vertigineux.
Avis : Liens parallèles • Maiwenn Morvan
Liens parallèles est un roman psychologique, où chaque silence, chaque souvenir devient une piste à suivre. Maiwenn Morvan installe une tension intime et haletante sans jamais céder à la facilité. Le personnage d'Agathe, partagée entre son rôle d’enseignante, ses émotions et ses instincts, est d’une humanité désarmante. La narration alternée entre passé et présent rythme habilement le récit, lui conférant une profondeur captivante.
C’est un roman sur les failles humaines, les non-dits que l’on porte, les liens qu’on croit anodins… jusqu’à ce qu’ils deviennent vertigineux. Agathe est bouleversante. Elle n’est ni héroïque, ni irréprochable, et c’est justement ce qui la rend si attachante. Elle agit parfois à contre-courant, portée par une urgence viscérale — presque animale — de protéger, de comprendre. J’ai été touchée par sa fragilité, sa solitude, ses silences. Elle doute, elle vacille… et on vacille avec elle.
L’écriture de Maiwenn Morvan est précise, sensible, sans jamais tomber dans l’excès. Elle excelle à distiller la tension, à faire remonter les souvenirs, à faire naître cette angoisse sourde et persistante. Les va-et-vient entre présent et passé sont fluides et donnent une vraie densité à l’intrigue.
Une histoire d’une efficacité redoutable, servie par une plume assurée — d’autant plus impressionnante s’il s’agit, comme je le crois, d’un premier roman. Liens parallèles, c’est l’histoire d’une disparition, bien sûr, mais aussi de culpabilité, de résonances, de blessures anciennes, de liens invisibles qui marquent à jamais. Une lecture forte, parfois dérangeante, toujours profondément humaine.
Ce thriller psychologique, où la disparition n’est que le point de départ, explore des thématiques bien plus vastes : la persistance des blessures, les liens d’admiration ambigus, l’éthique dans une relation d’autorité, et la place du doute dans nos choix. L’autrice nous entraîne dans une spirale de suspicion jusqu’à un dénouement aussi subtil que percutant.
Extraits : Liens parallèles • Maiwenn Morvan
Dans ce métier, l’empathie devient complexe. C’est un petit curseur, qu’il faut savoir poser au bon endroit, une solution chimique qu’il faut bien doser dans un bécher. Dans le cas présent, Abigaïl me peine, puisqu’elle n’a rien fait, foncièrement. En soi, il ne s’est rien passé de grave ou de dramatique. Simplement, je sentais que si l’on continuait ainsi, la frontière hiérarchique, déontologique n’existerait plus. Dans une autre vie peut-être, Abigaïl aurait pu être une amie, mais elle ne l’est pas. Et je doute fortement qu’elle le devienne un jour.
Je comprends que tu veuilles te consacrer à l’enquête, vraiment. Par contre, je te demande de ne pas te mettre en danger ou de t’oublier. C’est important pour ton équilibre, n’oublie pas que c’est une affaire policière avant tout, et aussi celle des parents. Je vais t’aider, d’une part parce que j’ai envie que tu te sentes mieux, d’autre part parce que je veux retrouver cette ado vivante. On a de plus en plus de disparitions qui n’aboutissent pas, je ne veux pas que ce soit le cas ici.
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