Roman : Les renards qui fument • Anna Loup

Chronique Roman : Les renards qui fument • Anna Loup

LES RENARDS QUI FUMENT
SECRETS ET TRAGÉDIES DANS LES MONTAGNES VOSGIENNES


Aujourd'hui je vous propose de plonger dans une atmosphère mystérieuse des montagnes vosgiennes, où des tragédies familiales entrelacent passé et présent. Ce roman révèle les secrets enfouis d’une communauté rurale, où vengeance et mystères non résolus s’entrelacent. Pour le premier roman du Prix des Étoiles 2025, je vous propose de retrouver Les Renards qui Fument, écrit par Anna Loup.


Chronique Roman : Les renards qui fument • Anna Loup


En 1957, Alphonse et sa femme possèdent une belle exploitation agricole dans leur région. Sans héritier pour reprendre leur domaine, ils deviennent la cible de nombreuses convoitises parmi les paysans du coin. Lorsqu’Alphonse décide finalement de vendre la ferme à Pierre, un drame survient : peu après la transaction, il est percuté par une voiture et meurt sur le coup.

Quarante-quatre ans plus tard, en juillet 2001, l’histoire semble se répéter. Pierre, meurt subitement dans des circonstances troublantes. Officiellement, il aurait fait une chute accidentelle dans sa grange, mais sa fille, Garance, refuse d’y croire. Hypnothérapeute de profession, elle sait que certains indices ne se trouvent pas dans les mots, mais dans les silences et les gestes. Elle se met alors à fouiller le passé de son père et de la ferme familiale, déterminée à comprendre ce qui s’est réellement passé.

En interrogeant les habitants du village, Garance découvre un monde bien différent de ses souvenirs d’enfance. Elle réalise que ses parents ont toujours cherché à la protéger de la noirceur ambiante, des jalousies et des rancœurs profondes qui gangrènent la communauté. À mesure que son enquête avance, elle comprend que la vente de la ferme par son père a réveillé des tensions anciennes.

Pierre, après l’achat de l’exploitation, avait lui aussi été victime de représailles : son poulailler détruit, son chien empoisonné… mais loin de céder, il avait riposté en transformant l’exploitation en un élevage canin prospère. Un affront que les villageois ne lui ont jamais pardonné.

Garance, épaulée par la capitaine de gendarmerie Alisson Quers, se demande si son père a réellement fait une chute ou s’il a été victime d’un meurtre déguisé. En explorant le passé et les tensions qui minent la région, Garance met au jour une réalité bien plus sombre qu’elle ne l’imaginait : dans cette petite communauté, la justice et la loi ne sont pas toujours celles de la République, mais celles d’un système où les rancunes se règlent dans l’ombre et où la vengeance peut traverser les générations.


Chronique Roman : Les renards qui fument • Anna Loup

Avis Roman : Les renards qui fument • Anna Loup



Un récit entre passé et présent. 
Le roman alterne entre deux époques : les années 1960, où Pierre et Nadette, les parents de Garance, s’installent dans leur ferme, et 2001, époque contemporaine où leur fille revient sur les terres familiales après la mort brutale de son père. Ce jeu de flashbacks permet de comprendre les rancœurs profondément enracinées dans ce village vosgien, où la terre est un bien aussi convoité que sacré.

Garance découvre une communauté rongée par la malveillance, où des pratiques quasi-mafieuses règnent en silence. Menaces, intimidations, et même enlèvements : la jeune femme prend conscience que ses recherches la mettent en danger. Le roman dépeint un village où les rancœurs et la soif de pouvoir prennent le pas sur l’humanité. Certains habitants sont dépeints comme des rustres, jaloux et violents, prêts à tout pour s’approprier les terres qui ne leur reviennent pas. 

Si l’intrigue est captivante, quelques incohérences viennent perturber la crédibilité du récit. Par exemple, une enquêtrice s’endort sur son canapé alors qu’une suspecte vient d’être enlevée, ce qui semble invraisemblable dans un contexte d'enquête. De même, on peut s’interroger sur certaines réactions des personnages, comme le mari de Garance, qui apprend l’enlèvement de sa femme… et décide malgré tout de dormir. Un peu plus de suspense et d'action aurait donné davantage de profondeur à l'intrigue. De même, la fin du roman est trop rapidement expédiée et manque de dynamisme et de relief.

Le style d'écriture est fluide. Il s'agit est un roman agréable, porté par une intrigue mystérieuse. Les tensions sont bien exploités, et le roman offre une belle réflexion sur l’avidité, la vengeance et le poids des secrets enfouis.



Extraits - Les renards qui fument • Anna Loup



Si j’avais su cela, j’aurais dit aux enquêteurs de regarder vers les agriculteurs du coin qui louchent sur les terrains de Pierre depuis des années, comme le faisaient leurs pères et leurs grands-pères avant eux ! La mort d’Alphonse, l’ancien propriétaire, écrasé par une voiture devant l’école, avait déjà paru louche… La rumeur disait, à l’époque, que ce n’était peut-être pas un accident… Je leur aurais dit aussi que je soupçonne le maire de déclasser intentionnellement les terrains de ton père pour les rendre accessibles financièrement à certains de ses amis paysans du coin ! Je pense qu’ils sont de mèche, tous ces lascars-là !

Il tenta de lui sourire pour le réconforter et lui assurer que tout allait bien, qu’il n’avait pas mal. Il tenta de lui dire également qu’il mourait heureux de lui avoir vendu son bien, qu’il prenne soin de Jeanne et qu’il se méfie de la vengeance des agriculteurs du village qui briguaient sa propriété depuis tant d’années, depuis plusieurs générations, peut-être. Il n’avait pas pu le mettre en garde, pensant qu’il avait encore beaucoup de temps devant lui, mais seul un filet de sang sortit de sa bouche. Il regarda une dernière fois le ciel, entendit les corbeaux croasser et sourit à Pierre avant de mourir.

Elle se sent comme souillée par tant de malveillance et en colère contre ce maire véreux à qui on a laissé un tel pouvoir de nuisance. Est-ce vraiment démocratique qu’une personne puisse ainsi ruiner, avec l’appui des différents organismes de l’État, deux de ses concitoyens, sans avoir de comptes à rendre, en toute impunité ? Existe-t-il un autre contre-pouvoir que celui des conseillers de l’opposition qui, de toute façon, sont en minorité ? À qui peut-elle s’adresser pour réparer ce genre d’injustice ? Elle n’est pas matérialiste et elle détient tout ce qu’il lui faut pour son bonheur personnel, mais, en mémoire de son père et de sa mère, qui ont travaillé dur pour acquérir ces terrains, elle veut obtenir réparation du préjudice subi.



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