Roman : La menteuse • Sophie Stava

Chronique Roman : La menteuse • Sophie Stava

LA MENTEUSE : QUAND LE
MENSONGE DEVIENT UNE ARME

Quand le mensonge devient une porte, jusqu’où oser franchir le seuil ? Dans La Menteuse, Sophie Stava nous plonge dans un thriller domestique où chaque mot est une illusion, chaque geste un piège. L’héroïne, fascinée par les apparences, s’immisce dans une maison dorée à grands renforts de faux-semblants - mais plus les mensonges s’accumulent, plus la vérité menace de tout briser. Ce roman est un miroir inquiétant : qui ment le plus ? Et pourquoi nos mensonges finissent-ils toujours par nous rattraper ?


Chronique Roman : La menteuse • Sophie Stava


Sloane Caraway n’a jamais su exister sans déguiser la vérité. Depuis l’enfance, elle a pris l’habitude d’embellir les faits, de se réinventer au gré des situations, non par malveillance, mais pour se sentir aimée. Chaque mensonge est pour elle une planche de salut, un moyen d’échapper à la grisaille de sa vie. Un jour, dans un parc, elle croise une petite fille paniquée. Dans un élan d’instinct, Sloane prétend être infirmière pour la calmer. Ce mensonge anodin va tout changer.

Ce geste la conduit à rencontrer Violet Lockhart, la mère de l’enfant, une femme élégante, douce, et parfaitement maîtrisée. Derrière son sourire impeccable, Violet semble pourtant prisonnière d’une image trop lisse : celle de la mère parfaite, de l’épouse modèle, de la femme accomplie. En réalité, elle vit dans une tension constante, obsédée par le contrôle, effrayée à l’idée de voir son monde s’écrouler.

Sloane devient peu à peu la nounou de la fillette, entrant dans le cocon doré des Lockhart. Elle se met à admirer Violet, à envier sa maison, sa stabilité, son apparente perfection. Mais plus elle s’attache, plus son admiration se teinte d’ombre. Peut-être qu’elle a franchi la ligne, transformant la fascination en quelque chose de plus sombre.

Face à elles, Jay Lockhart, le mari, incarne la séduction tranquille, le charisme discret. Son regard perçant, ses silences maîtrisés laissent planer un malaise. Il semble tout contrôler, comme s’il jouait un rôle qu’il connaît par cœur. Mais sous cette façade, Jay cache lui aussi ses fêlures et ses vérités inavouables. Entre eux trois se tisse une relation ambiguë, faite de faux-semblants, d’attirance et de méfiance. Chacun ment à sa façon : Sloane pour être aimée, Violet pour préserver son image, Jay pour dissimuler ses jeux dangereux et à ses désirs inavouables

Dans ce jeu de miroirs, la vérité devient une arme à double tranchant. Les masques se fissurent, les mensonges se mêlent aux émotions, et la tension monte jusqu’à un final implacable. La Menteuse n’est pas un thriller d’action : c’est une plongée dans les zones grises de la psyché humaine, où l’amour, la honte et le besoin de reconnaissance se confondent dangereusement.


Chronique Roman : La menteuse • Sophie Stava

Avis Roman : La menteuse • Sophie Stava


Un début d’intrigue très (trop) prévisible, et une mise en situation un peu trop facile. Sophie Stava réussit toutefois un thriller domestique efficace et assez long. Il faut prendre le temps d’entrer dans l’histoire : le rythme est parfois lent, un peu redondant, mais la tension demeure constante. La psychologie des personnages est admirablement travaillée, avec une justesse qui donne corps à leurs fêlures.

Sloane, à la fois fragile et troublante, incarne le paradoxe d’une femme qui ment pour être aimée mais se condamne par ses propres illusions.

Violet, quant à elle, représente la réussite apparente, celle d’une femme prisonnière de son image, de son foyer et du regard des autres.

Tous les personnages participent à un jeu de miroirs où la vérité devient une arme. Stava ne juge jamais: elle observe. Les blessures, les besoins d’amour, les dérives du contrôle. Chacun ment, non par malveillance, mais pour survivre à sa propre vérité. Un bon roman, qui captive surtout par sa fin recherchée et implacable, mais qui, dans l’ensemble, reste un peu long. Un bon moment de lecture, porté par une plume fluide et une tension psychologique savamment entretenue.



Extraits Roman : La menteuse • Sophie Stava


C'est juste que la vérité est tellement ennuyeuse. La modifier, en changer les détails, l'enjoliver, la pimenter, est une mauvaise habitude que j'ai prise enfant; un peu comme se ronger les ongles ou gratter les croûtes de ses petits bobos. Je ne m'en suis jamais défaite. Au contraire, je m'y suis même accoutumée. Les mensonges ont franchi mes lèvres avec de plus en plus de facilité, comme un réflexe. Ils sont devenus une part de moi, une seconde nature. Il ne me vient quasiment plus jamais à l'esprit de dire la vérité.

Je m'efforce de dissimuler la déception dans ma voix. Je regrette qu'elles doivent partir. J'ai l'impression que je devrais détester Violet; être verte de jalousie à cause de sa beauté, de sa richesse, de son mari séduisant, de sa fille adorable. Mais non. C'est le contraire. Elle est aussi fascinante que Jay. E!!e est la Daisy de son Gatsby, tout comme je le pensais. Je ne dev ais pas être surprise. n'est pas le genre d'homme à être marié à une femme quelconque.

Je sais que je l'ai déjà dit, reprend-elle en me regardant droit dans les yeux, mais je n'ai pas beaucoup d'amis, ici. C'est chouette d'en avoir enfin trouvé une. Je suis tellement contente qu'on se soit rencontrées. Mon cœur déborde de joie, il est sur le point d'exploser. Elle a dit que j'étais son amie. Pas sa nounou. Son amie


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