Roman : Frankenstein • Mary Shelley

Chronique Roman : Frankenstein • Mary Shelley

FRANKENSTEIN
LE MYTHE MODERNE DE L’AMBITION


Plongée dans l’obscurité d’un désir inassouvi, Frankenstein nous entraîne dans les méandres d’une création humaine, ou inhumaine, et interroge la frontière entre génie scientifique et responsabilité morale. Sans dévoiler les rebondissements majeurs, l’auteur esquisse une fable éternelle : peut-on, en jouant le rôle de « créateur », échapper aux conséquences de ses actes ? Les éditions Monsieur Toussaint Louverture présentent une nouvelle traduction de Frankenstein ou le Prométhée moderne de Mary Shelley, signée par l'écrivaine et traductrice Marie Darrieussecq.



Chronique Roman : Frankenstein • Mary Shelley



Le roman s’ouvre sur les lettres de Robert Walton, un explorateur au pôle Nord, à sa sœur Margaret Saville. À bord de son navire pris dans les glaces, il recueille un homme affaibli, Victor Frankenstein, qui lui raconte son histoire. 

Victor est issu d’une famille aisée de Genève. Très tôt, il se passionne pour les sciences naturelles, la philosophie et les mystères de la vie. Il se rend à l’université d’Ingolstadt où il découvre, après un intense travail, le secret de la génération de la vie. 
Dans son laboratoire, il assemble une créature à partir de cadavres et lui donne vie. Mais ce qu’il a conçu le révulse immédiatement : la créature, d’une stature gigantesque et d’apparence hideuse, lui fait horreur. Victor l’abandonne aussitôt. 

La créature nommée "la créature" ou "le monstre" s’enfuit, seule, rejetée par son créateur et par la société en raison de son apparence. Elle apprend à lire et à parler, ressent l’isolement, la souffrance d’être exclue, et enfin la colère de n’avoir jamais reçu d’amour. 

Peu après, le jeune frère de Victor, William Frankenstein, est assassiné : la créature en est responsable. Victor garde son silence, submergé par la culpabilité. 
Une autre victime sera Justine Moritz, jeune servante de la famille Frankenstein, innocente mais condamnée à mort pour le meurtre de William. Victor sait, mais n’avoue pas : sa conscience le hante. 

Plus tard, la créature retrouve Victor et lui demande un compagnon, une « femme » pour partager sa solitude. Victor commence l’œuvre, mais succombe à la peur des conséquences et détruit le second être avant de l’achever. 

Commence alors une traque à la fois physique et morale, où la science, la culpabilité et le désir de réparation s’entremêlent jusqu’à un dénouement aussi glaçant qu’inoubliable.


Avis Roman : Frankenstein • Mary Shelley


Le roman interroge la soif de connaissance sans bornes, la solitude, la responsabilité envers ses créations, le désir d’appartenance et le jugement fondé sur les apparences. 
J’ai trouvé Frankenstein profondément marquant. Le propos est toujours d’actualité : à l’ère des biotechnologies et de l’intelligence artificielle, le récit résonne comme un avertissement. Le personnage de Victor aussi touchant, qu'agaçant : sa recherche de gloire le conduit à délaisser son humanité. 

Quant à la créature, sa souffrance m’a énormément émue ; elle est à la fois victime et bourreau, façonnée par un monde qui la rejette. L’évolution psychologique des personnages, la dimension tragique, la beauté des descriptions (notamment de la nature) et la puissance symbolique font de ce roman un chef-d’œuvre intemporel. J’ai apprécié comment Mary Shelley mêle l’horreur et la réflexion philosophique, sans tomber dans le simple récit de peur. Ce qui me reste en tête : que toute création engendre une responsabilité, toute ambition un risque. Une belle découverte avec cette magnifique couverture rééditée aux éditions Monsieur Toussaint Louverture. 


Extraits Roman : Frankenstein • Mary Shelley


Même si je possédais la capacité d'insuffler la vie, préparer une enveloppe pour la recevoir, avec toutes ses complexités de fibres, de muscles et de veines, restait un travail d'une difficulté et d'un labeur inouïs. Je me suis d'abord demandé si je devais tenter la création d'un être comme moi ou bien d'un organisme plus simple; mais mon imagination était trop exaltée par mon premier succès pour me permettre de douter de mon aptitude à donner la vie à un animal aussi élaboré et merveilleux que l'homme.

Dans ces moments, je pleurais amèrement et souhaitais que la paix visite à nouveau mon esprit, ne serait-ce que pour prodiguer aux miens consolation et bonheur. Mais ce n'était pas possible. Le remords étouffait to tout espoir. J'avais été l'auteur de maux inaltérables et vivais dans la crainte quotidienne que le monstre que j'avais créé ne se livre à une nouvelle cruauté. J'avais la vague intuition que tout n'était pas fini, et qu'il commettrait encore quelque abominable forfait, qui par son atrocité effacerait presque le souvenir du précédent.










Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci pour votre commentaire. Bonne journée

Rechercher un article